A la verticale des nuages
En franchissant le portique du parc Meiji, je me suis rendue compte que je n'y étais pas venue depuis plus d'un an. Un an. Le temps, ici, ne passe pas comme ailleurs.
J'ai tourné à droite avec l'étrange impression de ne pas choisir. C'était une évidence d'être au milieu du bois, de suivre ces allées désertes.
Au loin, j'entendais les trains, seul signe d'une existence humaine, quelque part. Sans eux et les corbeaux, j'aurais pu me croire seule au monde.
Et ce sentiment n'était pas effrayant.
Aux abords du temple, même les corbeaux se sont tus.
Et ça a été, tout à coup, une plénitude entière. Une force puissante et douce à la fois transmise par le relief du dessin des toits sur le ciel, par ce silence singulier.
Le temple est une parenthèse hors du monde et l'inquiétude déserte sa cour carrée.
Avant de m'en éloigner, j'ai fait le voeu d'encore en vivre beaucoup, des instants comme celui-là.
Sur la pelouse, les silhouettes étaient, comme la mienne, solitaires et nonchalantes. Et les oiseaux volaient en ricochets.
Les nuages dessinaient une géographie imaginée.
Plus tard, le soleil a embrasé le ciel de Yoyogi.
Et, une fois la nuit tombée, il y a eu un thé vert, un goûter, une fillette mi-lapin mi-danseuse, un merci dans un mélange de couleurs scintillantes et un joli compliment que je retiens précieusement.