Avis de déménagement
Maintenant, j'habite ICI.
Gwen à Tokyo
S'il vous importe de savoir pourquoi ce billet est le dernier, si vous voulez avoir de mes nouvelles en attendant la prochaine adresse où vous pourrez me lire, n'hésitez pas à décacheter les courriers que je vais continuer à écrire à
Madame Gâ dans la boîte aux lettres de nos jeudis qui me tiendra lieu, pour le moment, de poste restante.
Publié par Gwen à 4.2.10 29 commentaires
Il y a quatre ans, on allait sur la terrasse haut perchée lors des pauses de 11 heures. On avait à peine le temps de boire un thé, de souffler, de sourire en regardant les enfants de la garderie s'ébattre sur le toit d'en face.
Je me souviens, j'avais dit à Jean qu'avec ce ciel immensément bleu et cette vie sur le sommet des immeubles, qu'on ignorait d'en bas, j'avais vraiment le sentiment d'être ailleurs.
Aujourd'hui, alors que je regardais ce même toit en buvant un macha, j'avais vraiment, au contraire, le sentiment d'être chez moi.
Publié par Gwen à 3.2.10 2 commentaires
Il n'était que 10 heures ce matin quand j'ai su que ce jour serait parmi les plus beaux de ma vie.
J'ai de la chance : ils sont innombrables, ceux que je peux nommer ainsi.
Et je sais qu'il y en aura toujours d'autres, que ce n'est pas fini.
Publié par Gwen à 1.2.10 4 commentaires
Avec Ga on a remarqué qu'il nous arrivait de ne plus retrouver, à la fin d'un livre, ce qui avait retenu notre attention, provoqué notre enthousiasme, dans les pages qu'on avait cependant cornées.
C'est comme si on avait changé pendant le temps de notre lecture.
Mais ce n'est pas toujours au livre qu'on doit cette transformation.
"Yuna regarda le billet et demanda au jeune homme si elle ne pouvait pas changer à Paris plutôt qu'à Bruxelles. Elle avait beau savoir que le changement de train ne lui permettrait même pas d'apercevoir le sommet de la tour Eiffel, elle ne pouvait en cet instant réprimer une nostalgie inexplicable de cette ville.
Le jeune homme désigna l'écran et expliqua qu'à Paris, avec une correspondance, il fallait prendre le métro pour aller d'une gare à l'autre, tandis qu'à Bruxelles ce n'était pas nécessaire. Bruxelles était donc la meilleure solution. Bruxelles était toujours une meilleure solution sinon la meilleure. On ne peut jamais contredire Bruxelles, car Bruxelles est censé devenir la norme. Ouvre-t-on un quotidien que Bruxelles saute aux yeux en gros titre : Bruxelles veut plus de transparence. Bruxelles veut aider à coups de millions d'euros les victimes des catastrophes naturelles. Bruxelles veut encourager le dialogue. Bruxelles veut conquérir le ciel."
Yoko Tawada. Le voyage à Bordeaux.
Publié par Gwen à 31.1.10 1 commentaires
Les rues piétonnes sentaient la gaufre, la brioche, sentaient le sucre et la province.
Des hommes patientaient devant les cabines d'essayage, portaient les paquets.
Les conversations évoquaient des heures de rendez-vous et des espoirs de séduction.
Des files d'attente se formaient devant les cinémas et devant les caisses des magasins de prêt à porter.
Les poussettes ralentissaient les démarches, les rencontres étaient parfois dues au hasard...
Je persiste à fuir l'effervescence du centre ville et je vais manger à Sugamo, là où des vieilles dames masquées servent du thé et des mochis pâles et tendres, aussi rebondis et doux que des joues d'enfants.
Publié par Gwen à 30.1.10 4 commentaires
En ramassant l'oeuf cru tombé devant le frigo, j'ai vu la plaque rouge vif sur ma main, là où la veille l'eau dont je remplissais ma bouillotte m'avait brûlée.
Si je n'avais pas laissé ma carte de train à côté de ma montre, sur mon bureau, j'aurais dû moins courir pour arriver à l'heure.
Plus tard, ma roue avant a écrasé la barquette d'umeboshis qui s'était échappée du panier de mon vélo.
Le soir, en récurant la casserole où avait adhéré mon repas que j'y avais oublié, j'ai eu vraiment envie de redevenir moi-même !
Publié par Gwen à 29.1.10 4 commentaires
La lecture des lettres données en exemple dans les guides de correspondance m'a bien souvent davantage passionnée que bon nombre de romans. Mais pour écrire à Madame Gâ, nul besoin de mode d'emploi... Photos, citations, poèmes... j'ai toujours quelque chose à lui montrer, à lui dire, dans la boîte aux lettres de nos jeudis que vous pouvez, vous aussi, ouvrir.
Publié par Gwen à 28.1.10 1 commentaires
Quelle différence y a-t-il entre une longue balade à Tokyo ou une promenade à la campagne ???
Au retour, je vide mon appareil photo comme je viderais mes poches. Et je garnis mon herbier.
Publié par Gwen à 27.1.10 1 commentaires
"On consulte sa vie pareil.
Les souvenirs de soi et ceux de tous se réduisent en images simples, à prendre ou à laisser, je coupe ça, je regarde ça, non, je coupe, oui je garde, je colle ça avec ça, prendre une image, tiens.
On revisite tout ce qu'on veut."
Olivier Cadiot. Un nid pour quoi faire.
Publié par Gwen à 26.1.10 0 commentaires
La radio parle ma langue et j'en remarque les tendances, les tics les plus répandus.
Au jour d'aujourd'hui... ceci étant dit... je voudrais rebondir sur ce qu'a dit monsieur... je reviens vers vous dans un instant.
Et sur l'usage courant du français, je me pose quelques questions...
Pourquoi le verbe faire devient-il si fréquemment réflexif en même temps qu'utilisé à la place de termes plus appropriés ?
On s'est fait l'Afrique l'été dernier.
Pour quelle raison tout est sympa en plus d'être miniaturisé ?
Il est très sympa ce petit pull.
Qu'est-ce qui motive les parents à choisir un prénom qu'ils n'utilisent que rarement pendant les premières années de leur progéniture ?
Le grand rentre à l'école bientôt et la petite ira à la crèche.
Je me réjouis de ne pas avoir d'enfants pour ne pas risquer d'entendre :
Et comment va la petite famille ?
Moi mon grand m'a fait gastro sur gastro.
Bon, faudra qu'on se fasse un petit restau un de ces jours ! J'en connais un sympa dans le coin !
Publié par Gwen à 25.1.10 3 commentaires
Publié par Gwen à 24.1.10 2 commentaires
Publié par Gwen à 23.1.10 1 commentaires
Comme chaque année, ne pas maîtriser la langue des signes alors que je suis contrainte au silence me fait me demander si, finalement, j'ai tant de choses à dire.
Publié par Gwen à 22.1.10 1 commentaires
Cette année, j'ai pris l'excellente mais banale résolution de me coucher plus tôt. Et dès la mi-janvier, j'ai pu vérifier que c'est une VRAIE bonne résolution puisque je suis incapable de la tenir !
Mais ce n'est absolument pas de ça que je parle à Madame Gâ dans le courrier que je lui glisse rituellement dans la boîte aux lettres de nos jeudis.
Publié par Gwen à 21.1.10 0 commentaires
Publié par Gwen à 20.1.10 1 commentaires
Un tee shirt tiré à des milliers d'exemplaires qui dresse aussi bien mon portrait me rappelle que je ne suis qu'une parmi tant d'autres. Banale.
Publié par Gwen à 19.1.10 2 commentaires
Il a dit qu'il voulait m'inviter mais il a dit qu'il ne savait pas où, qu'il me laissait choisir.
Il a dit qu'il imaginait une vue sur la ville, une lumière douce, une ambiance qui donne envie de rester.
Il a dit "pour un moment tendre et digne".
Par la fenêtre du dixième étage, les trottoirs d'Ikebukuro grouillent ou se calment, au gré des feux. Le soleil rosit le ciel pendant que les serveurs allument les bougies. A cinq heures et demi, il fait nuit et il est bon de pouvoir rester, de se blottir au fond du canapé et rester, de recommander un thé pendant que la ville continue à vivre, que les autres travaillent.
Publié par Gwen à 18.1.10 0 commentaires
C'était un hasard mais, au moment de sa mort, j'étais heureuse de ne jamais avoir lu Le grand Elyseum hôtel qui, pourtant, était dans ma bibliothèque depuis longtemps. Car avoir toujours la perspective de lire un roman de Timothy Findley est, pour moi, une raison de vivre suffisante dont je saurais me souvenir si d'aventure je n'en trouvais plus d'autre.
C'est ce que j'éprouve aussi à la parution d'un nouveau livre d'un de mes auteurs préférés et Javier Marias est de ceux-là.
Savoir qu'a été traduit Poison et ombre et adieu, suite et fin de son ensemble littéraire débuté en 2004, est un gage sur mon avenir, suffit à faire chanter mes lendemains.
Et quand je l'entends dire qu' il n'a jamais lu Extinction, afin de continuer à vivre avec l'assurance de toujours avoir un roman de Thomas Bernhard à découvrir, je souris.
"Dans mon roman, on doit prendre le mot "visage" de manière métaphorique"
Javier Marias.
Publié par Gwen à 17.1.10 1 commentaires
Du thé versé sur le clavier me révèle le rôle primordial de la lettre disparue.
Il est difficile de se passer d'elle mais pas impossible.
La preuve.
Publié par Gwen à 15.1.10 8 commentaires
on n'a peut-être pas l'air comme ça, Madame Gâ et moi, mais on est un peu pointilleuses avec la langue française, le style et ces choses -là...
Vous pouvez le vérifier chaque semaine dans la boîte aux lettres de nos jeudis.
Publié par Gwen à 14.1.10 2 commentaires
Publié par Gwen à 11.1.10 0 commentaires
Lui, 56 ans, dans la maison de location à Quiberon, un jour gris où il n'a pas envie d'aller à la pêche avec ses petits-enfants.
Elle, 19 ans, dans sa chambre, au lieu de rédiger son devoir d'histoire et malgré la musique tonitruante qui s'échappe de la chambre de son plus jeune frère.
Elle, 42 ans, le 17 février dans le bus n°63 qu'elle prend tous les matins pour aller travailler.
Moi, 19 ans un matin de septembre, au fond du jardin, sous le pommier sous lequel j'ai révisé pour le bac.
Lui, 28 ans, dans l'aéroport où il attend son avion à destination de Buenos-Aires, les pieds posés sur son sac de voyage.
Lui, 31 ans, devant un verre de bière et les miettes d'un sandwich à l'emmenthal dans un café où il va tous les mardis avant son cours d'anglais.
Elle, 27 ans, dans la salle de pause de l'entreprise où elle travaille depuis trois ans, en essayant de s'abstraire des conversations de ses collègues.
Lui, 43 ans, 10H30 dans la chambre d'hôpital où il fait la lecture à sa mère récemment opérée.
Moi, 39 ans à Tokyo, un jour d'hiver ensoleillé, sur la terrasse d'un grand magasin, entourée de gens qui mangent bruyamment des soupes de nouilles.
Le même livre, les mêmes mots et, pourtant, autant de lectures différentes.
Peut-on parler de relecture lorsque le temps qui nous sépare de la précédente fois nous a changés au point de faire de nous des étrangers presque méconnaissables sur les photos ?
"Il nous faut des lois et de la discipline. Après tout, on n'est pas des sauvages. On est des Anglais, et les Anglais sont épatants en tout. Alors, on doit se conduire comme il faut."
"Les grandes personnes savent tout, elles n'ont pas peur du noir. Ici, elles se réuniraient, prendraient le thé ensemble et discuteraient la situation. Et tout s'arrangerait..."
William Golding. Sa majesté des mouches.
Publié par Gwen à 10.1.10 0 commentaires
Et il n'y pas seulement les saveurs.
Il y a aussi la musique émouvante d'Haendel.
Et la chaleur qui me fait oublier quelle est la vraie saison.
Et le contraste élégant du pain noir et du thé fumé avec le blanc laiteux de la vaisselle.
Je voudrais que midi 20 dure tout le temps.
Publié par Gwen à 9.1.10 4 commentaires
... je dépasse la façade rose de la maison de retraite. Celle, jaune, du restaurant de curry. Je marche dans la même direction que les jeunes filles aux jupettes de danseuses. Je croise des jeunes gens en costumes impeccables.
Je traverse la vie comme un film de Jacques Demy.
Publié par Gwen à 8.1.10 4 commentaires
"Veux-tu que je fasse une tarte à la rhubarbe ?
-Jonas et moi avons la rhubarbe en horreur.
-C'est pourtant elle qui a les plus jolies couleurs; rien n'est plus ravissant sur les étagères que la confiture de rhubarbe.
-Fais-la pour les étagères alors. Mais pour moi une tarte aux pissenlits.
-Nous aurons une salade printanière au menu, annonça-t-elle.
-Nous mangeons les saisons. Nous mangeons le printemps et l'été et l'automne."
Shirley Jackson. Nous avons toujours habité le château.
Avec Madame Gâ, nous avons en commun bien plus que notre goût pour les umeboshis ou pour le livre de Shirley Jackson. Nous avons également le même penchant pour le courrier et c'est pour cela que, tous les jeudis, nous partageons cette boîte aux lettres.
(Notre webmaster dit qu'y laisser des commentaires est à nouveau possible... ne vous en privez pas !)
Publié par Gwen à 7.1.10 2 commentaires
"Cela faisait un mois à peine que j'étais à Tokyo, pourtant, j'avais l'impression d'y vivre depuis des années, tant le paysage urbain m'était devenu familier. Je connaissais si bien ce quartier que si quelqu'un m'avait salué, je n'aurais pas été autrement surpris. Je ressentais même une certaine nostalgie à la vue de la vieille boîte à lettres au coin de la rue, des pancartes aux couleurs écaillées, des bosquets touffus de chênes-lièges qui dépassaient des haies des propriétés privées. Les klaxons des voitures, les conversations des ménagères avec leurs voisines devant les portes arrière des maisons, les cris des corbeaux perchés côte à côte sur les lignes électriques, un piano sur lequel quelqu'un faisait ses gammes...
Tous ces sons se mêlaient pour composer le bruit de fond d'un quartier qu'il me semblait connaître depuis longtemps.
J'achetai un journal au kiosque devant la gare, le mis sous mon bras et passai le portillon d'entrée. Sur le quai s'allongeaient les ombres des rares passagers qui attendaient le train. Je me faufilai entre elles, en direction de la rame de tête.
Le train entra doucement en gare, m'avala en silence avec les autres passagers. A l'intérieur de la rame, les gens se tenaient debout, à distance respectueuse les uns des autres, les regards s'évitaient avec une extraordinaire constance, chacun centré sur son propre univers. Levant les yeux, je m'agrippai à la courroie de cuir suspendue près de l'entrée et, imitant les habitants de la capitale, attendis, silencieux et immobile, que le train arrivât à Shibuya. Je m'étais habitué à vivre au milieu d'une foule paisible qui respectait les règles sans protester. Je me sentais vraiment faire partie de Tokyo."
Hitonari Tsuji. L'arbre du voyageur.
Publié par Gwen à 6.1.10 1 commentaires
Il est des jours jolis et aujourd'hui en est un.
Un jour doucement bleu où les trains circulent sans moi et où la ville, paresseusement, s'éveille de l'engourdissement de la fin décembre, semble découvrir que l'an neuf s'appelle dix.
Il est des jours jolis et aujourd'hui en est un.
Un jour sur lequel planter des bougies, faire couler le champagne.
Un jour de compte à rebours.
Dans les ruelles que tu connais et que je traverse à vélo -plus légère au retour qu'à l'aller- je chante ce refrain :
"You watch a plane flying across a clear blue sky.
THIS IS THE DAY, your life will surely change.
THIS IS THE DAY , when things fall into place."
Une autre manière de te rappeler que chaque jour est le premier du reste de notre vie.
Publié par Gwen à 4.1.10 0 commentaires
"Si vous cherchez thé dans le premier livre de cuisine venu, vous constaterez probablement qu’il n’est pas mentionné ou, tout au plus, vous trouverez quelques lignes d’instructions peu précises qui ne donnent aucune règle de conduite sur plusieurs des points les plus importants.
C’est curieux, non seulement parce que le thé est l’un des principaux piliers de la civilisation dans ce pays, aussi bien qu’en Irlande, en Australie et en Nouvelle Zélande, mais aussi parce que la meilleure façon de le faire est l’objet de controverses.
Quand j’observe ma propre recette pour une tasse de thé parfaite, je ne trouve pas moins de onze points saillants. Sur deux d’entre eux, peut-être, il pourrait y avoir un accord assez général, mais au moins quatre autres sont intensément controversés. Voici mes onze règles personnelles, je considère chacune d’entre elles comme extrêmement précieuse :
• Tout d’abord, on devrait utiliser du thé d’Inde ou de Ceylan. Le thé de Chine a des vertus qui ne doivent pas être dédaignées de nos jours - il est économique et on peut le boire sans lait - mais il n’est pas très stimulant. On ne se sent pas plus sage, plus courageux ni plus optimiste après en avoir bu. N’importe qui ayant prononcé avec soulagement l’expression « une excellente tasse de thé » voulait invariablement dire « thé indien ».
• Deuxièmement, le thé devrait être fait en petites quantités - c’est-à-dire, dans une théière. Le thé sorti d’un seau est toujours insipide, alors que le thé militaire, fait dans un chaudron, prend un goût de graisse et de lessive. La théière devrait être en porcelaine ou en terre cuite. Les théières en argent ou en alliage Britanniaware produisent un thé inférieur et les pots émaillés sont encore pires ; cependant, assez curieusement, une théière en étain (une rareté de nos jours) n’est pas si mauvaise.
• Troisièmement, le pot devrait être préalablement réchauffé. Il vaut mieux le placer sur la grille près du feu que de recourir à la méthode habituelle qui consiste à l’emplir d’eau chaude.
• Quatrièmement, le thé devrait être fort. Pour un pot d’un quart, si vous voulez l’emplir presque au bord, six cuillères à café pleines seraient parfaites. Dans une époque de rationnement, ce n’est pas une chose à faire chaque jour de la semaine, mais je soutiens qu’une tasse de thé forte vaut mieux que vingt faibles. Tous les véritables amateurs de thé aiment non seulement leur thé fort, mais un peu plus fort chaque année qui passe - un fait qui est reconnu par la ration supplémentaire attribuée aux retraités.
• Cinquièmement, le thé devrait être mis directement dans le pot. Aucun filtre, sacs de mousseline ou autre dispositif pour emprisonner le thé. Dans certains pays, les théières sont équipées de petits paniers se balançant sous le bec pour attraper les feuilles qui s’échappent et qui sont censées être nocives. En fait on peut avaler des feuilles de thé en quantité considérable sans effet nocif, et si le thé n’est pas libre dans le pot il n’infuse jamais correctement.
• Sixièmement, on devrait approcher la théière de la bouilloire et non pas le contraire. L’eau devrait réellement bouillir au moment de verser, ce qui signifie qu’on devrait la garder sur la flamme tandis qu’on verse. Certains ajoutent qu’on devrait utiliser uniquement de l’eau qui vient juste d’être portée à l’ébullition, mais je n’ai jamais noté que cela faisait la moindre différence.
• Septièmement, après avoir fait le thé, on devrait le remuer, ou encore mieux, donner au pot une bonne secousse, pour permettre aux feuilles de se répartir.
• Huitièmement, on devrait boire avec un mug - c’est-à-dire avec une tasse cylindrique, pas avec une du genre plate et profonde. Le mug contient plus, et avec l’autre le thé est toujours à moitié froid avant qu’on ait commencé.
• Neuvièmement, on devrait retirer la crème du lait avant de l’utiliser pour le thé. Du lait trop crémeux donne toujours au thé un goût malsain.
• Dixièmement, on devrait verser le thé dans la tasse d’abord. C’est l’un des points les plus controversés de tous ; en effet dans chaque famille en Grande-Bretagne il y a probablement deux écoles de pensée sur ce sujet. L’école du lait-d’abord peut avancer quelques arguments assez forts, mais je soutiens que mon propre argument est inattaquable : en mettant le thé d’abord et en l’agitant tandis qu’on verse, on peut exactement régler la quantité de lait alors qu’on est exposé à en mettre trop si on fait le contraire.
• Pour finir, le thé - à moins qu’on le boive dans le style russe - devrait être bu sans sucre. Je sais très bien qu’ici je suis minoritaire. Mais vraiment, comment pouvez-vous prétendre être un véritable amateur de thé si vous en détruisez la saveur en y mettant du sucre ? Ce serait aussi raisonnable d’y mettre du poivre ou du sel. Le thé est censé être amer, juste comme la bière est censée être amère. Si vous l’adoucissez, vous ne goûtez plus le thé, vous goûtez simplement le sucre ; vous pourriez faire une boisson très semblable en dissolvant du sucre dans de l’eau chaude ordinaire.
Certaines personnes répondraient qu’elles n’aiment pas le thé pour lui-même, qu’elles le boivent seulement afin de se réchauffer et de se stimuler et elles ont besoin de sucre pour en chasser le goût. À ces personnes dans l’erreur, je dirais : essayez de boire du thé sans sucre pendant, disons, une quinzaine et il est très peu probable que vous voudrez jamais bousiller votre thé en l’adoucissant encore.
Ce ne sont pas les seuls points controversés qui surgissent à propos de la consommation de thé, mais ils sont suffisants pour montrer combien toute l’affaire est devenue subtile. Il y a aussi la mystérieuse étiquette sociale qui entoure la théière (pourquoi est-il considéré comme vulgaire de boire dans votre soucoupe, par exemple ?) et beaucoup de choses pourraient être écrites à propos des utilisations secondaires des feuilles de thé, telles que prédire l’avenir, prévoir l’arrivée des visiteurs, nourrir les lapins, soigner les brûlures et nettoyer le tapis. Ça vaut la peine de faire attention à des détails tels que le chauffage du pot et l’utilisation d’une eau vraiment bouillante, afin de s’assurer tout à fait d’extraire de sa ration de deux onces, correctement manipulée, les vingt bonnes et fortes tasses qu’elle doit représenter."
Georges Orwell. "Une bonne tasse de thé".
Publié par Gwen à 3.1.10 4 commentaires
On s'est dit à demain sans qu'il soit nécessaire de préciser où et quand.
Nos rendez-vous de l'hiver sont aussi fidèles à la terrasse qui nous rapproche du ciel que ceux de l'été l'étaient à celle qui nous préservait du soleil.
On s'est dit à demain et je suis rentrée en longeant le botanique.
Il était quatre heures quand je suis arrivée.
L'heure de ces autres rendez-vous dont, hélas, je n'ai pas eu le temps de faire une habitude.
Publié par Gwen à 2.1.10 0 commentaires
... au moins : se souvenir que la monotonie n'est pas une obligation.
Je vous souhaite une année tout sauf ennuyeuse.
Publié par Gwen à 1.1.10 9 commentaires