Once again
Lui, 56 ans, dans la maison de location à Quiberon, un jour gris où il n'a pas envie d'aller à la pêche avec ses petits-enfants.
Elle, 19 ans, dans sa chambre, au lieu de rédiger son devoir d'histoire et malgré la musique tonitruante qui s'échappe de la chambre de son plus jeune frère.
Elle, 42 ans, le 17 février dans le bus n°63 qu'elle prend tous les matins pour aller travailler.
Moi, 19 ans un matin de septembre, au fond du jardin, sous le pommier sous lequel j'ai révisé pour le bac.
Lui, 28 ans, dans l'aéroport où il attend son avion à destination de Buenos-Aires, les pieds posés sur son sac de voyage.
Lui, 31 ans, devant un verre de bière et les miettes d'un sandwich à l'emmenthal dans un café où il va tous les mardis avant son cours d'anglais.
Elle, 27 ans, dans la salle de pause de l'entreprise où elle travaille depuis trois ans, en essayant de s'abstraire des conversations de ses collègues.
Lui, 43 ans, 10H30 dans la chambre d'hôpital où il fait la lecture à sa mère récemment opérée.
Moi, 39 ans à Tokyo, un jour d'hiver ensoleillé, sur la terrasse d'un grand magasin, entourée de gens qui mangent bruyamment des soupes de nouilles.
Le même livre, les mêmes mots et, pourtant, autant de lectures différentes.
Peut-on parler de relecture lorsque le temps qui nous sépare de la précédente fois nous a changés au point de faire de nous des étrangers presque méconnaissables sur les photos ?
"Il nous faut des lois et de la discipline. Après tout, on n'est pas des sauvages. On est des Anglais, et les Anglais sont épatants en tout. Alors, on doit se conduire comme il faut."
"Les grandes personnes savent tout, elles n'ont pas peur du noir. Ici, elles se réuniraient, prendraient le thé ensemble et discuteraient la situation. Et tout s'arrangerait..."
William Golding. Sa majesté des mouches.
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