30.4.09

C'est jeudi !


NPA, TNT, PPDA... Devinez de quoi il est question dans le courrier que j'adresse à Madame Gâ dans la boîte aux lettres de nos jeudis !

29.4.09

A retardement

Pascal Dusapin m'a accompagnée dans les petites rues de Yoyogi Uehara.
Il y avait Tokyo et le plan à la main pour trouver l'adresse mais aussi, pendant que je marchais côté soleil, sa voix qui disait les églises où il allait écouter les orgues, la technique de l'oubli qu'il a développée en écoutant les Diabelli de Beethoven, l'écriture de la musique à la main mais aussi le contrebassiste qui accordait son instrument, tous les soirs à l'heure de l'apéro dans le petit bar.

Et cette réflexion sur la photo.
"C'est un peu comme le débat entre la photo argentique et la photo numérique. Evidemment que la photo numérique, c'est formidable et que c'est très pratique. Mais c'est pas ça qui est intéressant, c'est pas de dire que c'est très pratique qui fait que c'est mieux maintenant.
ça veut dire que quand on prévisualise une photo dans un appareil dont on sait que le résultat adviendra longtemps après ou, en tout cas, après, le cerveau ne pense pas de la même façon et ne construit pas de la même façon l'image.
Alors que si vous la construisez immédiatement, vous la voyez quasiment instantanément sur un écran, votre cerveau fait une toute autre opération mentale."
Cette réflexion qui m'a fait penser à mes photos de l'hiver, quand mon Holga était assorti à mes mitaines roses...

... Mais aussi aux clichés du printemps. Quand c'était avec les fleurs que l'appareil allait bien...

Trois pellicules que je laisse dans mon sac, que je ne vais pas faire tirer tout de suite. Comme des fruits que je laisserais mûrir. Encore un peu.

28.4.09

Tuesday self portrait (un compliment ?)


Il était déjà dans le couloir, on s'était dit au revoir. Il m'a dévisagée et :
"J'aime bien ce que tu as fait à tes cheveux. Je veux dire la couleur."

27.4.09

"Les deux montagnes"

"Pourquoi êtes-vous pauvres ?
Grande Montagne se pencha en arrière et dit : Je ne me considère pas comme pauvre. Nous ne sommes pas pauvres. Si nous avons un endroit où vivre, nous allons là; si nous avons un travail, nous le faisons.
Il avait prononcé ces mots avec une détermination identique et pleine de fierté, et l'autre eut un rire qui me sembla entaché d'embarras.

Comment vous procurez-vous à manger maintenant ?
Nous ramassons des boîtes de conserve vides et nous les revendons pour le recyclage. En un jour, nous nous faisons trois mille yens. Puis nous allons à l'épicerie. La meilleure nourriture rapport au prix est les râmen, le riz, les légumes.
Quand les gens passent devant chez vous, sont-il gentils avec vous ?
Ils acquiescèrent.

Comment vous chauffez-vous ?
Eh bien, avant j'avais une petite amie, dit Grande Montagne avec un sourire triste. Les filles me manquent.
Quel est votre rêve pour l'avenir ?
P.D.G. ! s'écria Grand Montagne.
Petite Montagne dit : J'aimerais travailler.
Quelle serait la meilleure façon d'aider des gens comme vous ?
Petite Montagne me sourit tristement, sa tête inclinée sur le côté, sa casquette en polyester noire penchée de l'autre, et il déclara : Faire une société qui soit plus facile à vivre.

Ils possédaient un aquarium avec trente poissons rouges dedans, juste pour le plaisir, dirent-ils. Il était posé sur un piédestal au milieu de l'eau. Des oiseaux venaient manger les poissons alors ils avaient dû mettre un couvercle dessus."
William T. Vollmann. Pourquoi êtes-vous pauvres ?

26.4.09

Sans transition


Aujourd'hui, bleu Ikebukuro, manches longues superflues, thé frais et, dans les oreilles, quelques réflexions sur le hasard (ou ce qui pourrait y ressembler)...

25.4.09

Un certain goût pour le déluge

Et puis, parfois, le jour se lève avec la pluie.
des animaux sont dans mon lit,
Sur l'esquif de Noé
je grimpe de mon plein gré.

Parfum de chocolat dans ce samedi de pluie,
le parfum de l'english breakfast tea,
la saveur atone de la crème de riz mélangée au lait chaud,
et celle, sucrée, de l'orange du marché de Sugamo.

Hier, un fruit offert parce qu'on est jolies.
Un tayaki après les sushis.
Et pendant que la nuit tombe,
notre conversation est longue.

Avec Shigeo sur les bords de la mer,
on choisissait les plus belles pierres.
Il les ajoutait dès le lendemain
au mur au fond de son jardin.

Ces heures douces comme des galets
tendres comme des mochis
s'imbriquent dans la maçonnerie
de ma vie, de mes années.

"Sa shi su se so
comme le syllabaire
s'ânonne une pluie
au sein de laquelle s'éloigne ton parapluie

Attendre qui, pour moi,
attendre quoi ?
attendre, ce verbe d'un bond
devient transitif

D'entre tous les viscères
mon coeur tant qu'à faire
jetterais pour qu'à coup sûr
le beau temps revienne demain

Jusqu'à ce que je te voie apparaître
au contrôle des billets
j'assemblerai un à un
les cubes du temps"
Machi Tawara. L'anniversaire de la salade.

24.4.09

Là je suis... (7)

A nos rendez-vous, il était toujours en retard. Parfois de près d'une heure.
Mais je ne parvenais pas à lui en vouloir.
Le lieu de l'attente était ensoleillé, confortable, et France Musique y diffusait un concert.
J'y étais seule et, moins naïve, j'aurais pu m'illusionner sur son exclusivité.

Je plaisantai, un jour, à propos de la montre qu'il aurait fallu lui offrir.
Tout en comprenant l'allusion, il m'assura pourtant que le clocher voisin qu'il voyait par sa fenêtre lui suffisait bien.

A nos rendez-vous, il parlait plus que moi.
Il me chargea de lui rappeler la St Valentin car s'il l'avait oubliée, sa femme l'aurait très mal pris.
Il me parlait de sa fille qui, à coup sûr, aurait adoré les bijoux que je portais.
Il me disait ses envies de tout plaquer, ses envies de tour du monde et je savais que ses mots n'étaient pas vains.

Ses mains étaient habiles et douces.
Il prenait soin de moi.
J'aimais sa bouche, j'aimais ses yeux, penchés sur moi.

A nos rendez-vous, je me rendais toutes les semaines. C'était un jour de fête dans mon agenda.
Mais je n'étais pas dupe : tout cela aurait une fin.
Et, en effet, il m'annonça un jour que, la semaine suivante, nous nous verrions pour la dernière fois.

C'est cette fois-là qu'il m'avoua ce dont il préférait éviter de parler pour qu'on ne se moque pas de lui : il lui arrivait parfois d'avoir des intuitions. Des intuitions aussi intenses que des prédictions.
Et toutes, bien que peu nombreuses, s'étaient réalisées.

Comme il n'a "vu" que ma célébrité et pas la manière d'y accéder, la prédiction de mon dentiste n'est pas lourde à porter.
Au contraire, tout reste à inventer.
Et je peux parfaitement croire qu'un jour, mon nom sera une référence dans la bouche de mes pairs, qu'un jour je serai, par exemple, la célèbre :

Là je suis : quand j'ai dit à Mme Gâ que j'aimerais faire, un jour, un métier qui me permettrait de lui commander des cartes de visite, elle m'a prise au mot et m'a envoyé quelques propositions ... qui sont devenues, pour moi, une source d'inspiration !
Vous pouvez lire la série ICI
Pauvre Sophie Calle qui a dû, elle, se contenter de l'imagination de Paul Auster !!!

23.4.09

C'est jeudi !


Pas de publicités pour des sushis dans la boîte aux lettres de nos jeudis !
En revanche, c'est que je dis à Madame Gâ mon goût immodéré pour le lait de soja...

22.4.09

L'heure des fleurs

Heureusement les rues sont encore emplies de fleurs, d'autres fleurs...

L'autre jour, la vieille dame m'a dit qu'il fallait revenir à six heures pour profiter vraiment du parfum que dégagent les grandes corolles jaunes.
Dans ma vie, il y avait l'heure du thé, il y a maintenant l'heure des fleurs.

21.4.09

Tuesday self portrait (la correction)


1,5 à l'oeil gauche, 2 au droit.
Pas si anecdotique.

20.4.09

La saison des carpes


Après la saison des sakuras et avant celle des moustiques, ce sont les carpes qui fleurissent dans le ciel.

19.4.09

Un oeuf dur sans mayonnaise


Au milieu de la matinée, mon bol de tofu à la banane est un lointain souvenir.
Le soleil résonne de la bande son du dimanche : les variations Goldberg, les machines à laver des balcons voisins, le vol d'un pigeon, les conversations des passants.
Dans l'eau chaude, je fais infuser du Lapsang Souchong et je mange un oeuf dur à toutes petites bouchées.

Depuis quelques semaines, je pense à sa soeur quand je me démaquille, à sa tante quand je sors un torchon propre de mon placard. A présent, je sais que chaque oeuf dur me rappellera ceux que son père couvrait de mayonnaise avant de n'en faire qu'une bouchée.
Sa mémoire devient la mienne, par capillarité.
C'est un peu comme quand, sur les marchés aux puces, je glane des photos d'inconnus qui s'ajoutent à mes albums familiaux.

18.4.09

La nuit de la taupe


Par quelle association nous viennent certaines de nos pensées ???
Ce matin, en me coiffant, je me suis souvenue de la mauvaise nuit que nous avions passée au camping. Car, comme nous l'avions constaté le lendemain matin en démontant notre tente, une taupe avait creusé ses galeries, se souciant peu de savoir que nous avions loué cet emplacement.
Ce matin, devant le miroir, j'ai repensé à cette nuit-là et puis : tiens, ça fait longtemps que la terre n'a pas tremblé.

17.4.09

Là je suis... (6)

Après tout, je lui reconnais cela : il a été utile à mon apprentissage du genre humain.
Ma jeunesse ne lui pardonnait ni sa moustache, ni sa chemise tachée sous les bras et pas davantage la vulgarité de sa maîtresse.
Il se croyait irrésistible, je le trouvais pitoyable.
Dans son bureau, il parlait vite, ayant confondu mon écriture avec des caractères de sténo.
Il faisait beau cet été-là et pendant que je notais ses courriers, je pensais à ma pause-déjeuner et au livre que je lisais sur le parvis de St Pierre le Puellier.
Si j'avais porté une jupe un peu étroite et des talons, la scène aurait pu être extraite d'un film médiocre au dialoguiste en grève et au décorateur en manque d'inspiration.
Je comptais les jours, les semaines.
Le reste du temps, je dessinais les yeux fermés des crocodiles sur l'écran, je testais toutes les polices de l'ordinateur pour écrire mes propres lettres. Internet n'existait pas encore. Mon amoureux faisait de la planche à voile au Grau du Roi. Je m'ennuyais un peu.
Tout cela était très supportable. Néanmoins, sur ma liste mentale des métiers possibles, j'avais définitivement rayé la ligne "secrétaire".
Je pensais : l'été prochain, j'en testerai un autre.
Je pensais : l'été prochain, je serai...

Là je suis : quand j'ai dit à Mme Gâ que j'aimerais faire, un jour, un métier qui me permettrait de lui commander des cartes de visite, elle m'a prise au mot et m'a envoyé quelques propositions ... qui sont devenues, pour moi, une source d'inspiration !
Vous pouvez lire la série ICI
Pauvre Sophie Calle qui a dû, elle, se contenter de l'imagination de Paul Auster !!!

16.4.09

C'est jeudi !


Et c'est dans la boîte aux lettres de nos jeudis que je partage avec Madame Gâ mon bonheur de vieillir !

(Rappel des épisodes précédents pour d'éventuels lecteurs de fraîche date : Madame Gâ et moi avons bu des litres et des litres de thé, marché pendant des kilomètres et des kilomètres, nous sommes retrouvées dans de nombreux, très nombreux cafés et y avons passé de longues, très longues heures à parler... pendant les deux ans qu'elle a passés à Tokyo. A présent que nous sommes séparées, nous nous écrivons tous les jeudis et nous postons dans cette boîte aux lettres notre courrier public...)

15.4.09

Aux premières loges


Quand j'ouvre les yeux à cinq heures et demie et que je déroule intérieurement la journée à venir en m'étirant tranquillement, je pense à ceux qui ne peuvent s'éveiller sans sonnerie et pour qui le lever est une souffrance.
Je ne sais pas bien pourquoi le sommeil m'abandonne aussi tôt. Peut-être pour que je ne manque pas le spectacle renouvelé tous les matins : le moment où le soleil caresse l'arrondi du ballon d'eau du toit voisin.

14.4.09

Tuesday self portrait (l'hygiène alimentaire)


Ne sommes-nous pas le pur produit de ce que nous mangeons ??
Au menu de mes jours : du papier au kilo et du thé au litre, surtout s'il est de la couleur de l'encre de mon stylo.
Et, bien sûr, du poulpe le vendredi.

(et, toujours, dans les oreilles, la voix aigre-douce de Jeanne Balibar : "J'ai tant d'appétit pour les choses de la vie qui ne se mangent pas, je dévore tout ce qui se lit"...)

13.4.09

Etre au travail

Il arrive que ma propre langue n'éclaircisse en rien une situation.
Mais, au contraire, fasse naître de multiples interprétations.

"Il y a deux jours un quotidien du soir titrait : "Plutôt mourir que travailler !" A propos d'une veille femme et de ses deux filles de quarante ans à qui jusqu'à présent leur village allouait quelque argent pour cause de maladie ou autre. Comme on le leur refusait subitement, une voisine a conclu : "Eh bien, qu'elles travaillent !". Alors toutes les trois se sont précipitées comme des démentes dans les bois en hurlant : "plutôt mourir que travailler !" et elles se sont pendues."
Simone de Beauvoir. Lettres à Nelson Algren. Jeudi 19 octobre 1950.

12.4.09

L'imprimé de les thés

Je n'ai pas tellement de regrets de ne pas être née princesse.
Je n'ai rien contre le prénom d'Aurore mais je me réjouis de n'être ni condamnée à l'exil ni obligée de porter une peau de bête.
Alors oui, je pourrais envier à Peau d'Ane la baguette magique de sa marraine ainsi que ses robes aux improbables couleurs.
Mais je ne suis pas jalouse de tempérament.
Et puis j'ai une nièce délicieuse qui, en matière d'imprimés, a bien meilleur goût que la fée des lilas.

Cette robe imaginée par Louise, je la porterais volontiers tout l'été !

11.4.09

L'invention du quotidien


Pourquoi le quotidien serait-il ordinaire ?

Un petit déjeuner sur l'eau et la vie est (encore) plus jolie !

10.4.09

Là je suis... (5)

Ils ne se rendaient certainement pas compte de la difficulté de l'exercice pour moi.
Car il ne s'agissait pas de simplement copier : mes voisins étaient abonnés aux quinze, seize, voire vingt et je ne pouvais ni prétendre à un tel résultat ni les mettre dans l'embarras qu'aurait provoqué la comparaison entre deux copies trop conformes.
Moi, je visais quatre ou cinq. Sans eux, j'aurais eu zéro.
Alors il me fallait copier mais, par amour propre, copier le moins idiotement possible. Faire croire à une erreur de raisonnement plutôt qu'à une erreur de résultat. Et cela me demandait des efforts incroyables tellement, à mes yeux, il s'agissait d'une langue étrangère. C'aurait pu être du chinois ou du persan, je n'y aurais pas davantage compris où était le verbe, quel était le complément. Je me demandais bien quel élément de la suite je pouvais supprimer pour atteindre la faute crédible.
L'enjeu était de taille : maintenir ma moyenne à quatre.
Cela rendait mon entourage perplexe.
Personne ne voulait croire qu'il ne s'agissait pas là encore d'une manifestation flagrante de ma paresse.
Mon père s'agaçait, ma mère se résignait. Ma soeur comprit le jour où elle fut chargée de me donner des cours et que, malgré ma bonne volonté, elle dut admettre que c'était impossible.
Aussi, j'ai été reconnaissante à ma prof de seconde -la première. La première seconde, je veux dire- de me déclarer inapte.
C'était un mot qui résumait enfin clairement les choses et me soulageait. Un peu à la manière d'un diagnostic qu'un médecin aurait enfin posé sur un mal ancien.
Un jour, elle me dit même d'écrire un poème plutôt que rien lors d'une interrogation qu'elle savait hors de ma portée.
Les autres profs de maths de ma scolarité n'eurent pas sa franchise.
Pas non plus celle de me dire, à l'issue des conseils de classe ou, j'en suis sûre, ils devaient le penser :
peut-être qu'il faudrait vous faire à l'idée, mademoiselle, peut-être qu'il vous faudrait penser à devenir :

Là je suis : quand j'ai dit à Mme Gâ que j'aimerais faire, un jour, un métier qui me permettrait de lui commander des cartes de visite, elle m'a prise au mot et m'a envoyé quelques propositions ... qui sont devenues, pour moi, une source d'inspiration !
Vous pouvez lire la série ICI
Pauvre Sophie Calle qui a dû, elle, se contenter de l'imagination de Paul Auster !!!

9.4.09

C'est jeudi !


Et cette semaine, dans la boîte aux lettres de nos jeudis c'est de subtilités linguistiques qu'il est question dans ma lettre à Madame Gâ.

8.4.09

Loin du ciel

Je ne pars pas en voyage sans livres.

Je n'ai pas le temps de travailler parce que je lis.

Je n'ai pas d'argent pour voyager parce que j'achète des livres.

Je n'aurais pas le temps de lire si je travaillais afin de gagner de l'argent pour voyager.

Je ne pourrais pas acheter de livres si j'achetais un billet d'avion.

Or, je ne pars pas en voyage sans livres.

Mais chaque livre me fait partir en voyage.

"J'ai lu dans un livre sur les Indiens que l'âme ne peut pas voler plus vite qu'un avion. C'est pourquoi on perd son âme quand on voyage en avion, et on arrive à destination mentalement absent. Même le transsibérien roule plus vite qu'une âme. Lors de ma première venue en Europe, par le transsibérien, j'ai perdu mon âme. Quand je suis repartie par le train, mon âme était encore en route vers l'Europe. Je n'ai pas pu l'attraper. Lorsque je suis revenue en Europe, elle était en route vers le Japon. Ensuite, il m'est si souvent arrivé de voler dans un sens et dans un autre que je ne sais plus où mon âme se trouve. C'est en tout cas une raison pour laquelle, généralement, un voyageur manque d'âme. Le récit d'un grand voyage doit donc être fait sans âme."
Yoko Tawada. Narrateurs sans âmes.

7.4.09

Tuesday self portrait (le régime)


Pas besoin de la moindre diète : délaisser le trio pull-veste-écharpe suffit à me persuader que j'ai perdu 3 kilos.

6.4.09

Les heures printanières

6h12 est l'heure invariable de mes réveils spontanés.
2 heures après, il est temps de verser le lait de soja chaud et mousseux coloré au sésame noir sur les morceaux de banane et de transporter la théière emplie d'Assam sur mon balcon. A mes rendez-vous avec le soleil, je ne suis jamais en retard et mes épaules prennent une teinte qui leur va bien.

Ces journées de printemps, je les passerais volontiers en terrasse, là où la toile cirée est assortie au vichy de ma chemise et où le serveur aux jolis yeux, connaissant mon goût pour le rose, me servirait sans attendre un diabolo-sakura.

5.4.09

Un dimanche ordinaire

Même le dimanche, Tokyo se lève tôt et, dès sept heures, il m'est décidément impossible d'être la première ou la seule dans les ruelles.

Les sportifs se regroupent en grappes, des hommes en costume se pressent vers la gare, les jambes nues et juvéniles dépassent des jupes des uniformes.

Je regarde le contenu des sacs plastiques qui alourdissent les bras. Un litre de mugicha, plusieurs onigiris, des bentos et quelques litres de bière...
Les rendez-vous se donnent sous les fleurs, le soleil sera une bonne raison d'y passer la journée entière.

La mienne ne s'achèvera pas sans le détour quotidien par les marches du palais...

Et un goûter aux couleurs de la saison douce.

4.4.09

Le jeu

"Quand j'étais petite nous jouions avec Ethel au jeu des histoires. C'est très simple. Vous dites une phrase et moi j'en dis une autre. On les enfile bout à bout. Parfois ça veut dire quelque chose et parfois ça ne veut rien dire. La seule contrainte est que ce soit vrai. Vous commencez ou je commence ?
Allez-y."
François Emmanuel. Bleu de fuite.

Le père de mon chat portait un nom de vent, sa mère le nom d'un dieu et lui un nom de chien.

3.4.09

Là je suis... (4)

Ils sont fils d’acteurs célèbres, filles de chanteurs connus et eux-mêmes artistes interviewés, photographiés. Ils racontent l’enfance sur les tournages, la vie de bohème, l’évidence de la carrière dans le métier malgré les inquiétudes parentales.
Mais ils sont plus nombreux encore les anonymes dentistes fils de dentistes, ouvriers enfants d’ouvriers, profs filles de profs….

Je remercie, quant à moi, mes parents, de m’avoir laissé autant de liberté et de champ d’action dans le choix d’une profession.
Ainsi, ce n’est pas parce que ma mère a dansé pour Claude François que je me suis sentie obligée de devenir :

Là je suis : quand j'ai dit à Mme Gâ que j'aimerais faire, un jour, un métier qui me permettrait de lui commander des cartes de visite, elle m'a prise au mot et m'a envoyé quelques propositions ... qui sont devenues, pour moi, une source d'inspiration !
Vous pouvez lire la série ICI
Pauvre Sophie Calle qui a dû, elle, se contenter de l'imagination de Paul Auster !!!

2.4.09

C'est jeudi !


Et il y a des couleurs de printemps dans la lettre que j'envoie à Madame Gâ.
Comme toutes les semaines, elle est à lire dans la boîte aux lettres de nos jeudis.

1.4.09

Une bouffe-spaghettis avec Richard Brautigan, des anguilles et quelques kanjis

"En préparant une bouffe-spaghettis au Japon

Hier, c'était un hier qui se passait à Tokyo, j'ai préparé une bouffe-spaghettis pour quelques amis Japonais. Je m'en étais acquis les ingrédients dans un supermarché spécialisé dans la nourriture pour étrangers.
Voici ce que j'avais acheté :
-du concentré de tomate,
-de la sauce tomate,
-des poivrons rouges et verts,
-des champignons,
-du basilic,
-une boîte d'olives noires dénoyautées,
-des pâtes,
-de l'huile d'olive,
-400 grammes de viande à hamburgers,
-un peu de beurre,
-et du parmesan.
Hier, j'ai emporté lesdits ingrédients chez une amie japonaise : elle avait le reste.
A savoir :
-trois oignons blancs,
-de l'origan,
-du persil,
-du sucre,
-du sel et du poivre,
-de l'ail.
Après, je me suis mis à préparer mon plat.
J'ai haché menu, j'ai ouvert et j'ai mélangé jusqu'à ce que de la cuisine s'élève un doux fumet de spaghettis. Et bientôt ça a commencé à fleurer le spaghetti tout aussi fort que dans les dizaines et les dizaines de cuisines des Etats-Unis où, pendant plus de vingt ans, il m'est parfois arrivé de préparer des bouffes-spaghettis, à un détail près cependant et c'est celui-ci : à quelques centimètres de l'endroit où j'évoluais il y avait un seau d'eau rempli de minuscules anguilles vivantes.
Jamais encore je n'avais préparé de bouffe-spaghettis avec des anguilles pour me tenir compagnie.
Telles de science-fictionesques rejetons de spaghettis, elles y nageaient, en faisant des ronds."
Richard Brautigan. Tokyo-Montana Express.

Il a fallu qu'on me fasse remarquer qu'il n'y avait presque pas de kanjis dans mes pages pour que je me rende compte que, en effet, même si je suis une quotidienne analphabète, ce n'est pas forcément dans l'écriture que je remarque le plus fréquemment mon dépaysement.