31.10.06

Tuesday self portrait


C'est encore un mardi dans le miroir...

30.10.06

Je m'aime tel qu'ici maintenant, pourvu que demain aussi !


Il y a des semaines comme ça... Dont on sait d'avance qu'on n'a rien à en attendre sauf qu'elles finissent... Des jours sans surprise et sous l'eau de pluie, des jours embués de fatigue, à vivre en apnée...
Mais samedi soir, je savais qu'enfiler ma robe Nathalie Garçon allait effacer une semaine morne et pénible.

Aujourd'hui, c'est lundi.

Et, sous le ciel bleu, je retrouve la belle énergie que me procure la ville.

Disponible, à nouveau. Désengluée.

Et bien décidée à ne plus rien vivre en corvée...

Est-ce aussi simple ?

Suffit-il de décider ce genre de choses ?

Peut-être que oui, après tout !

Alors, je consacre le voyage en train au sommeil que mon lit n'a pas su retenir.

Et, en longeant le mur, je sens mes pas s'alléger, mon regard se nettoyer.

Il y a, là, un café qui me rappelle ceux de Bruxelles.

Où le téléphone sonne sur un air de Satie.

Où le chaï fume dans un bol.

Où le soleil colore joliment l'atmosphère.

Et, au retour, enfin, après 15 jours de fourrière, mon vélo en liberté me redonne toutes les sensations de la juste vitesse : celle qui permet de voir les visages que je croise. Les sensations du juste effort.
Sur les bords de l'Edogawa, le soir tombe, les lumières s'allument, le soir sent les marrons. Je rentre chez moi et la soirée me tend les bras.

Un dimanche d'octobre

Parfois la vie est immobile et, un dimanche soir, dans le silence d'un jardin tokyoïte, on entend parler de vies inconnues et inédites, de voyages autour du monde... On entend un accent brésilien raconter en mots précis et bien choisis sa découverte du Japon...
Soudain, on redécouvre le plaisir de manger de la viande de boeuf, du reblochon, des pommes de terre sautées. Assis sur des tatamis. Le vin est français, chilien... et parmi ces gens qu'on ne connait que depuis la veille, qu'on ne reverra sans doute pas, on se sent à sa place.

27.10.06

Reve de princesse

"Ce soir comme tous les soirs, j'ai envie de trainer. Ce soir comme tous les soirs, j'ai envie d'exister. Alors comme tous les soirs, je vais juste rentrer. Alors comme tous les soirs, je vais juste renoncer. Et sans plus personne à la ronde c'est encore un jour à mettre au monde. Et la nuit va tomber, les néons s'allumer... et sous la lumière les ombres, c'est encore un jour à mettre au monde."

Joseph d'Anvers chante Pigalle. ça pourrait être ailleurs.

Parfois, alors que je marche dans la nuit, une station de train avant la mienne, alors que je longe la voie ferrée, que je vois de loin les passants attirés par les lumières intimes et les parfums de la baraque de yakitoris, alors que dans mon i-Pod passe une musique qui fait bouger mes pieds, que j'ignore encore si je vais pousser la porte de chez moi ou continuer à avancer vers d'autres lumières...
Il m'arrive de repenser à la Princesse de Clèves. Et à son rêve d'une vie étale et plane.

Je n'ai jamais su décider si elle était sage ou idiote, courageuse ou lâche. Idéaliste ou inconsciente.

24.10.06

Tuesday self portrait


Au Japon, quand on est comme un garçon, on n'a pas les cheveux longs !
(merci Séverine, pour la photo, pour l'inspiration qui t'est venue...)

23.10.06

La mélodie de l'anesthésie

ça fait trois mois qu'E. fréquente le personnel de la clinique dentaire de la rue Gambetta à raison d'une fois par semaine.
Moi, c'était la première fois que j'y allais (pas la dernière !). J'étais donc surprise que la secrétaire, une fois qu'elle a saisi que je comprenais le japonais -enfin, quand elle parle sans son masque parce que sinon...- me demande si E. aussi...
Ce n'est pas la première fois que des Japonais soupçonnent E. d'être bilingue malgré ses airs de ne rien y comprendre... Je ne sais pas comment il fait pour susciter ce genre de raisonnements !!!
J'avais rendez-vous à 17H. J'ai été prise à 18H. La faute à qui ? A E. ! C'est l'emmerdeur du lundi (lui, il dit : des autres jours aussi... si si, c'est lui qui le dit) : une de ses caries était plus profonde que prévu, l'intervention a duré plus longtemps que prévu, ce qui a retenu tout le monde plus tard que prévu... Dont moi...
J'ai donc eu droit à une heure de rab' de la comédie musicale de la clinique dentaire...
Dans la salle d'attente règne un fond musical complètement décérébrant. Une adaptation sautillante des plus grands standards de variété. Beaucoup d'instruments à cordes dans l'orchestre. Qui passent et repassent leur archet sur les nerfs des patients (qui portent bien leur nom quand ils attendent pendant une heure !).
Cette musique ne couvre pas complètement le bruit des fraises et autres instruments qui s'échappe de derrière la porte et la cloison du cabinet.
En revanche, elle masque le son de la télévision qui est allumée sur un programme inepte.
Elle empêche toute concentration, annihile toute tentative de lecture, mais elle a tout de même un avantage : si on a la moindre crainte de ce qui nous attend derrière la porte, au bout de 10 minutes d'attente, on arrive à la conclusion que, quelle que soit la douleur qu'on pourra ressentir par la suite, elle nous apparaîtra bénigne par rapport à cette séance de torture auditive !
Une fois qu'on a fini d'attendre, on peut s'apercevoir que, dans le cabinet, il y a trois fauteuils. Devant chaque fauteuil : un écran de télévision. Et la même musique que dans la salle d'attente... Et là, on peut commencer à s'inquiéter : si les dentistes entendent ça toute la journée, ont-ils encore un cerveau ??? J'ai eu un moment de doute : quelqu'un allait-il rectifier quand le dentiste s'est apprêté à lâcher sa roulette contre ma dent n°6 alors que c'était la 7ème qui avait été anasthésiée ??? Oui, ouf ! Sinon, j'aurais pu rajouter un hurlement à la bande son incroyable de cet endroit.
Car, entre deux coups d'archet, trois grondements de fraise et la basse continue des pompes à salive, s'élève un concert de "itakunai desune", "daijobu ?", "gomen nasai" modulés sur tous les registres par le choeur des dentistes et leurs assistantes. Du bariton à la soprane.
Et parfois se faufile jusqu'à nos oreilles, la mélodie intimiste de l'anasthésie : l'appareil chante quand le produit se diffuse.
Et quand le dentiste m'a prévenu que ça allait faire mal (en fait non) et m'a dit doucement "gomen nasai" (excusez-moi), il m'est revenu en mémoire (mais pourquoi donc ?) ce qu'Akiko m'avait dit après sa formation de chef sushi : quand les chefs sushi tuent les mollusques, ils leur demandent pardon...

Trois heures à la clinique dentaire. Trois heures de ma vie entre parenthèses. Je remets ça dans quinze jours. Et j'en ai pour un moment...

22.10.06

Une semaine en photos

Dimanche, au parc avec Chigusa. Un thé au jasmin pour clore le repas.

Et, sur la route...

Lundi, il fait beau à Ikéa.

Et lui, il a le même appareil que le mien...

Mardi, fatiguée.

Mercredi, jolis costumes mais cérémonie incompréhensible à mes yeux à Yasukuni.


Jeudi, le petit poucet a trouvé des bottes de sept lieues et n'a plus besoin de son petit chausson...

Vendredi, tee shirt rose et un tayaki dans la rue à Sugamo.

Samedi, il suffirait parfois d'entendre la musique d'un de ses films pour se croire dans une fiction de Wong Kar Wai...

20.10.06

Le temps d'un soupir


Elle a repris sa respiration et s'est envolée.
Yasukuni, mercredi, presque midi, au soleil.

17.10.06

Tuesday self portrait


A un quart d'heure de mercredi, je ne suis plus qu'une ombre...

16.10.06

Les nuits sont fraiches

Si je vous dis "virée à Ikéa", je suis sûre que, dans votre esprit, c'est associé à :
-un itinéraire compliqué,
-du monde sur la route,
-un parking plein où une voiture se gare sous votre nez à la place devant laquelle vous attendez depuis 10 minutes,
-l'article qu'il vous faut absolument qui n'est plus en rayon,
-l'amie pour laquelle vous avez aimablement fait le déplacement qui vous fait passer 2 heures dans le magasin pour ressortir avec 2 tasses et 3 petites cuillères,
-des enfants -mais pourquoi ne sont-ils pas dans la piscine à boules de l'entrée, ceux-là ?- qui hurlent dans les rayons,
-des dimensions (du lit, des fenêtres, de l'emplacement où vous mettriez bien un placard...) que vous aviez notées sur un papier que vous avez oublié de prendre en partant,
-un monde fou à la caisse et vous qui choisissez forcément celle qui n'avance pas,
-un sandwich au renne fumé que vous grignotez au bistro mais après lequel vous avez encore très faim,
-au retour où vous vous apercevez, en les rangeant, qu'il vous restait encore une centaine de bougies à thé dans votre placard mais que vous n'avez plus de serviettes en papier,
-etc !

J'ai fait le tour des possibilités avant de me décider à aller à Ikéa pour acheter une couette.
Mais aller à Ikéa à Tokyo, c'est :
-deux heures de train aller-retour pendant lesquelles j'ai pu me plonger dans le dernier Fred Vargas (merci E. !)
-la traversée de bras de mer comme un paysage de vacances,


-deux minutes de marche en sortant de la gare pour rejoindre l'entrée du magasin,
-pouvoir aller directement au rayon des couettes parce que, décidément, les Ikéa sont agencés pareil à travers le monde,
-ne croiser que deux enfants qui dorment dans leur poussette,
-ne pas traîner dans le magasin parce que je sais ce que je viens chercher et que je n'ai pas l'habitude d'hésiter,
-pouvoir passer à la caisse sans attente parce qu'il y en a beaucoup d'ouvertes,
-pique-niquer au soleil sur le bord du grand champ d'herbe qui se trouve devant le magasin (le parking est à l'arrière, on le voit depuis le train seulement, et il était loin d'être plein...)

Bon, d'accord, si je vous dis qu'on était lundi, vous comprendrez mieux mes conditions idéales pour une virée Ikéa. Et si je vous dis que Disneyland Tokyo est desservi par la même ligne, vous imaginez bien que cette virée n'est pas la même pendant le week-end !!!

Je n'avais pas pensé à ça. Je n'avais pas convoqué son souvenir et il m'a surprise. Ce marche-pied que j'avais recouvert de peinture Flamant. Sans lequel nous n'atteignons pas les plus hautes étagères de la bibliothèque du salon.
Et, tout à coup, dans le magasin, une bouffée de nostalgie à l'évocation de tous ces meubles, empilés dans le grenier, sur, sous nos 4000 livres en cartons. Toutes ces choses de notre vie d'avant qui sont au bois dormant, comme si nous étions en train de vivre un rêve, nous. Un rêve ou une parenthèse ou une vie parallèle...

15.10.06

Une étoile à la place du coeur

Il y a des journées qui commencent tôt avec un tremblement de terre.
Plus tard, j'ai entendu de la bouche d'une dame en kimono que regarder la lune rend heureux.
J'ai regardé la lune et les lumières de la ville filer dans la vitesse. Et plus tard encore, pour la première fois, il y avait des centaines d'étoiles dans le ciel de Tokyo ("et quand tu penses à toutes celles qu'on ne voit pas").
Il y a des journées qui finissent avec la lumière du jour. Des journées où la vie est simple et jolie, sans tremblement de coeur mais avec tant d'occasions d'être heureuse.

13.10.06

Christian Lacroix et Michel Legrand à Ginza


A Paris, j'ai passé une partie de ma vie au jardin du Luxembourg à sonder le regard clair des reines de pierre et leur imaginer la meilleure vie possible, une fois que les grilles étaient fermées et qu'elle pouvaient quitter la pose -comme j'aurais aimé être là !
A Ginza, je sais que la fille de chez Lacroix ne la quitte pas, elle...

C'est une pose savante, comme les mannequins savent la prendre -et pas les reines.

A quoi pense-t-elle, cette belle fille, assise toute la nuit dans la lumière ???
A ça ??????

Ou ça ??????

Peut-être a-t-elle simplement en tête la chanson de Peau d'âne et fredonne-t-elle, lèvres fermées, "mais qu'allons-nous faire de tous ces plaisirs, il y en a tant sur terre"

Un autre jour, plus ancien, en France, j'écoutais (un peu fort) ce disque et ne me contentais pas de fredonner lèvres fermées ! E., au téléphone avec une dame d'une administration (la caf ? les impôts ? le rectorat ???) qui lui dit "ah, c'est chouette, vous écoutez Peau d'âne !"... On a tous les rêves secrets d'un prince et d'une princesse...
Et vous, qu'allez-vous faire aujourd'hui ???
Ferez-vous de votre vie ce que d'autres n'ont jamais su faire ? Fumerez-vous la pipe en cachette ? Vous gaverez-vous de pâtisseries ? Téléphonerez-vous à la caf ? Passerez-vous la journée avec Michel Legrand en tête ?

11.10.06

Et hop au lit !


Allez, il est temps d'arrêter de boire du café et d'aller se coucher... Y compris quand on est le patron !

La nuit de l'oiseau à ressort

Nous avions rendez-vous à Naka-Meguro que ni elle ni moi ne connaissions.

Nous avons déambulé dans les rues,

monté des escaliers en quête de terrasses,

regardé les gâteaux, les bols de ramen en regrettant de ne pas avoir faim,

aimé deviner les ambiances derrière les rideaux des restaurants, des bars,

aperçu un chat qui faisait sa toilette, au fond de l'allée bordée de machines à laver, devant le temple,

parlé des poissons morts du matin,

de l'amour et des rencontres,

et, pour finir, nous avons choisi de nous asseoir parmi les fleurs,

celles dont le parfum embaume toute la rue,

c'était comme bavarder chez le fleuriste.
Toute cette partie de la nuit, l'oiseau à ressort a chanté, a remonté le temps pour lui permettre de passer plus lentement.
La lune nous veillait, entre les nuages.
Au retour, son sourire sur le quai alors que moi, je restais dans le train.

10.10.06

Des petits cailloux blancs qu'on sème pour retrouver son chemin à la nuit tombée



Elles m'ont dit de tourner tout de suite à gauche après la voie ferrée, de suivre le petit cours d'eau jusqu'au parc et que ça serait beau. Et ça l'était.
Dans le parc, je n'étais pas seule. Mais j'étais heureuse qu'il y ait autant de gens qui ne travaillaient pas aujourd'hui, qui n'étudiaient pas non plus, qui n'avaient rien d'autre à faire que venir profiter du soleil, de faire des remous sur l'eau en riant dans un pédalo en forme de cygne, de pique niquer entre amis sur une bâche bleue, de manger une glace au marron ou à la patate douce, d'égrenner quelques notes sur une guitare...
Ou de lire.
L'handicapé dans son fauteuil derrière mon banc, les gens qui se sont succédés sur celui de droite... Tous avaient un livre. Je me suis demandé lequel et dans quelle réalité ils étaient...

Moi, j'étais page 156 de Tout ce que j'aimais de Siri Husvedt.
"Nous fabriquons des histoires, après tout, à partir des matériaux sensoriels fugaces qui nous bombardent à chaque instant, suite fragmentée d'images, de conversations, d'odeurs, et le contact des objets et des gens. Nous en effaçons la plus grande partie afin de vivre dans un semblant d'ordre, et ce ramaniement de la mémoire se poursuit jusqu'à notre mort".

J'avais 15, 16 ans, sur la plage à Rochefort. Et je m'étais arrêtée de marcher. M'étais dit que je décidais de garder ce moment en mémoire toute ma vie. C'est dimanche, vingt ans après, à Tokyo, qu'il a resurgi.
Ces journées ici dans lesquelles je suis si présente, ces bruits de talons sur les pierres du chemin, ces deux petits qui se tiennent par la main en criant à tue-tête こんにちは comme s'ils venaient de découvrir
ce mot, le fouillis des rues de Nakano, les parfums qui s'échappent des restaurant corréens, ces conversations que je ne comprends pas (que j'espère ne jamais comprendre afin de toujours pouvoir m'isoler, continuer à tout voir sans "être là")... Je sais que tout ceci m'est cher, ne sera pas remanié, restera brut et vivace dans ma mémoire jusqu'à ce qu'un mot, une odeur viennent l' exhumer, un jour. Peut-être dans vingt ans, ailleurs qu'à Tokyo.

Tuesday self portrait




Radiohead dans la tête.