Placebo
Nous marchions tous.
Fallait-il nous compter par centaines, par milliers ?
Nous traversions la gare, vers la sortie est, d'un pas mesuré, sans précipitation, sans hésitation non plus, sans heurts. Tous, nous avions une raison de nous diriger dans cette direction. Combien de vies, combien de raisons ? J'étais dans cette foule et ma présence avait, comme les autres, une justification. Ma vie parmi les autres.
C'était ça que j'avais ressenti il y a quatre ans, en allant au café au bout de la nuit passée à pleurer la mort de Joël apprise la veille. Aux tables voisines de ce petit matin, des gens riaient, parlaient, lisaient... Des gens vivaient.
Les autres ont mille raisons d'être heureux alors même que nous retenons nos larmes.
Et parfois, c'est à notre tour de rire alors que, si proches, ils renoncent à un amour, tentent de se remettre d'une humiliation, s'inquiètent pour un parent malade, se demandent comment ils parviendront au bout de cette journée qui commence.
Il n'y a qu'ici que la foule me rassure et me console, relativise. L'heure de pointe est un remède, parfois.
3 commentaires:
Oh! Gwen, je voulais t'écrire depuis pas mal de temps pour te dire merci. Merci de ton écriture photographique, merci pour tes photos si descriptives. Ton blog, c'est de la pure substance de vie. Je le lis tous les jours, tous les jours curieuse, tous les jours subjuguée par ce que j'y découvre.
C'est un jour bien choisi pour me dire cela.
Merci, vraiment.
Ce billet là est si beau. J'ai toujours ressenti une certaine cruauté dans le fait que la vie continue, malgré la disparition d'une personne aimée mais ça nous montre aussi que la vie est bien courte et il faut aussi en profiter. Comme l'a dit Proust, "Cette contradiction si étrange de la survivance et du néant entrecroisés en moi." Tu l'exprimes avec tant de simplicité et d'élégance et merci pour des photos toujours magnifiques.
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