7.5.07

Trois minutes de soleil en plus

Au début du film, Jules retourne le sablier géant en disant que, quand il sera vide, il sera temps d'y aller. Puis il rejoint Jim dans le jardin. C'est un geste en passant, d'une profonde désinvolture, d'une légèreté totale. C'est un geste anecdotique.
Je ne sais pas pourquoi cette scène minuscule m'a tant marquée. Mais, à elle seule, elle suffit à provoquer le manque de ce film pourtant tellement vu...
Je me suis demandée, depuis, d'où était venue cette idée... Peut-être que Fred Capel tenait à cet objet et avait envie qu'il apparaisse dans un film dont il signait les décors. Ou François Truffaut lui-même venait de le recevoir en cadeau...

Les sabliers ont toujours été, pour moi, des objets de fascination. Du temps enfermé derrière des parois de verre. Du temps à l'état pur, à la réalité indiscutable.
A un moment de ma vie, je ne faisais pas confiance aux montres que, pourtant, je possédais en grand nombre. Impossible que les trois minutes qui me restaient dans les bras de mon amoureux avant l'arrivée du bus soient identiques à celles qui me séparaient de la fin du cours de physique...

A présent, je possède trois minutes en cage et je sais enfin que si, ce temps est identique, toujours identique.
C'est une connaissance parfaitement inutile puisque je ne prends plus le bus et que j'ai tout oublié de mes cours de physique.
Trois minutes : le temps d'une chanson, le temps d'attente entre deux trains de la Yamanote, le temps de me maquiller les yeux, le temps de terminer d'écrire ce billet avant d'y aller.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Il est assez incroyable de voir à quel point 3 minutes peuvent à certaines occasions nous paraîtrent si courtes et à d'autres si longues... je ne sais pas ce que tu fais dans la vie mais, indéniablement, tu as un talent pour l'écriture et je suis heureuse de pouvoir profiter de ces petits moments où je vérifie s'il y a un nouveau blog ;-) (je suis de la ville de Québec)

Gwen a dit…

eh bien, justement, en vieillissant, je constate que le temps se dilate moins... Qu'il reste plus égal à lui-même... Mais c'est vrai que, maintenant que je peux, je m'arrange pour ne plus vivre des moments aussi désagréables que des cours de physique !!!
Merci pour les visites et bienvenue !

Anonyme a dit…

«®°·.¸.°°·.¸. Le temps perdu de l'ami Sully-Prudhomme «®°·.¸.°°·.¸.

Si peu d'oeuvres pour tant de fatigue et d'ennui !
De stériles soucis notre journée est pleine :
Leur meute sans pitié nous chasse à perdre haleine,
Nous pousse, nous dévore, et l'heure utile a fui...

"Demain ! J'irai demain voir ce pauvre chez lui,
"Demain je reprendrai ce livre ouvert à peine,
"Demain je te dirai, mon âme, où je te mène,
"Demain je serai juste et fort... pas aujourd'hui."

Aujourd'hui, que de soins, de pas et de visites !
Oh ! L'implacable essaim des devoirs parasites
Qui pullulent autour de nos tasses de thé !

Ainsi chôment le coeur, la pensée et le livre,
Et, pendant qu'on se tue à différer de vivre,
Le vrai devoir dans l'ombre attend la volonté.

Chère Gwen, merci de me rappeler ce temps qui pour les bonnes choses arrivent toujours tard et se défait trop tôt.

"Et, pendant qu'on se tue à différer de vivre ..."

Pays de Neige.