17.4.09

Là je suis... (6)

Après tout, je lui reconnais cela : il a été utile à mon apprentissage du genre humain.
Ma jeunesse ne lui pardonnait ni sa moustache, ni sa chemise tachée sous les bras et pas davantage la vulgarité de sa maîtresse.
Il se croyait irrésistible, je le trouvais pitoyable.
Dans son bureau, il parlait vite, ayant confondu mon écriture avec des caractères de sténo.
Il faisait beau cet été-là et pendant que je notais ses courriers, je pensais à ma pause-déjeuner et au livre que je lisais sur le parvis de St Pierre le Puellier.
Si j'avais porté une jupe un peu étroite et des talons, la scène aurait pu être extraite d'un film médiocre au dialoguiste en grève et au décorateur en manque d'inspiration.
Je comptais les jours, les semaines.
Le reste du temps, je dessinais les yeux fermés des crocodiles sur l'écran, je testais toutes les polices de l'ordinateur pour écrire mes propres lettres. Internet n'existait pas encore. Mon amoureux faisait de la planche à voile au Grau du Roi. Je m'ennuyais un peu.
Tout cela était très supportable. Néanmoins, sur ma liste mentale des métiers possibles, j'avais définitivement rayé la ligne "secrétaire".
Je pensais : l'été prochain, j'en testerai un autre.
Je pensais : l'été prochain, je serai...

Là je suis : quand j'ai dit à Mme Gâ que j'aimerais faire, un jour, un métier qui me permettrait de lui commander des cartes de visite, elle m'a prise au mot et m'a envoyé quelques propositions ... qui sont devenues, pour moi, une source d'inspiration !
Vous pouvez lire la série ICI
Pauvre Sophie Calle qui a dû, elle, se contenter de l'imagination de Paul Auster !!!

2 commentaires:

mélie a dit…

votre amitié donne lieu à des initiatives tellement chouettes :)

madame gâ a dit…

oh oui, pauvre, pauvre sophie calle...