Les courriers de l'été (1 : les pays lointains)
Kobenhavn, den syttenden oktober (en réalité septembre)
Cher Monsieur Queneau,
On fait ici des études de la langue étrangère. Mais le plus fort c’est que la bibliothèque publique de Malmö possède Zazie in French. Ça m’en a de coins bouché deux.
Je vous espère très bien rentrés de Cerisy et vous présente, et à Madame Queneau, mes meilleures amitiés.
André Blavier
Chère F.,
tu m'écrivais de Tanzanie, tu me racontais qu'un jour, vous aviez stoppé net et étiez descendus de la voiture avec beaucoup de précautions pour vous approcher un peu plus de la lionne qui allaitait ses petits au milieu de la route.
Tu m'avais écrit également que des Massaï assistaient à tes cours et j'avais imaginé une rangée de garçons torse nu, munis de boucliers et de lance, debout et attentifs au fond de la salle...
Il faut dire que je ne voyage pas et que je n'ai pas la télévision aussi ma vision du monde est parfois archaïque ! Quand il est question de l'équipe de foot égyptienne, par exemple, j'ai du mal à penser à ses joueurs autrement qu'en jupettes et courant de profil...
Je sais que, cette fois, tu n'auras pas le temps de m'écrire. C'est dommage car, de ton nouveau pays d'accueil, je n'ai en tête que des clichés : des images de saris colorés, des parfums de curry et d'autres épices variées et je me dis que s'il t'arrive à nouveau de contourner un animal sur la route, ce sera sans doute une vache.
Ce que je me figure assez bien, en revanche, ce sont tes premières impressions : dépaysement profond, accablement à cause de la chaleur humide, perplexité d'analphabète...
Des premières impressions sans doute très proches de celles que j'ai ressenties en arrivant ici, il y a exactement quatre ans.
Je pense à toi, te souhaite bonne chance et t'embrasse.
1 commentaire:
J'adore celui-là !
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