12.9.09

Le dernier jour

A peine plus d'une semaine et j'ai l'impression qu'il est déjà très ancien, mon dernier jour de travail.
Comme tous les autres jours, j'étais allée au café le matin.
Le contrat de mon collègue de bureau ayant pris fin avant le mien, c'est seule que j'avais bu mon thé au lait de soja.

Puis, j'étais allée travailler en repensant à cet été qui s'achevait, à ces lieux qui continueraient à vivre sans nous, à ces rituels qui avaient fait notre quotidien pendant plus d'un mois.
La terrasse et toujours tant de choses à nous dire. Les hommes de ménage qui, selon les jours, passaient l'aspirateur, la cireuse ou nettoyaient les vitres du toit. La conversation qui devait forcément faire allusion à Marc Lévy au moment où nous atteignions l'aire fumeur. Puis la table proche de la baie vitrée, le sourire du jeune homme à lunettes, les heures de travail, la collation et le distributeur des géants. A la fin de la journée, parfois quelques pages lues au soleil avant de rentrer, la tête encore colonisée par le sujet du jour...

Ce jour-là, le dernier, j'ai eu du mal à me concentrer et je ne suis pas restée aussi tard que certaines autres fois.
J'étais vaguement nostalgique, déjà, de ce mois d'août.
Alors, pour me soigner, je suis allée au musée de la photographie, visiter l'exposition de Koichi Inakoshi.
Je suis restée longtemps dans ce sous-sol obscur, assise sur une banquette après avoir fait le tour des salles, face à la période américaine.
La scène du parc, je ne la comprends toujours pas : un homme en costume, un journal sous le bras, à gauche de la photo, tient la veste de la femme qui, tout près de lui et de dos, remet sa chemise dans sa jupe. Pendant que, bien plus à droite, un homme plus jeune se rajuste, lui aussi, près de vêtements posés dans l'herbe.
Et la photo est sombre, à peine lisible, aussi sombre qu'à la fin d'un jour sans soleil.

Quand, enfin, je suis remontée à la surface, le ciel était gris comme un jour de rentrée et, sous influence, j'ai pris quelques photos noir & blanc.


Aujourd'hui aussi, le ciel était gris et il faisait froid dans le café au sous-sol de la gare de Shinjuku.
Mon collègue venait de visiter, à son tour, l'exposition.
Et, à nouveau, comme en plein été, nous avions tant à nous dire que nous n'avons pas tenté d'élucider le secret de la scène du parc.

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