Ma rentrée littéraire (3 : Ecrire de Jean Guenot )
"Autrement, vous prendriez l'habitude de ne trouver l'inspiration que lorsque vous êtes au loin de la feuille blanche, sous la douche, au volant, en train de préparer un soufflé au fromage."
ça nous avait occupés quelques soirées à piquer des fous-rires à la lecture du livre d'Edouard Pomiane : La cuisine en 10 minutes.
Ce que j'en ai retenu c'est que, pour cuisiner rapidement un repas complet, l'auteur conseillait d'ouvrir une boîte de conserve pendant que l'eau du café chauffe...
Le livre de Jean Guenot est, lui aussi, plein de bon sens et de conseils pratiques...
"Dans l'idéal, le meilleur second métier est celui de rentier : il donne l'indépendance dont tous les écrivains rêvent, depuis Flaubert. On remarquera qu'il est plus facile d'être rentier que d'être Flaubert.
Médecin de cure, ça laisse quelques loisirs, 5 mois sur 12, l'air est pur, on a de la tranquillité, de la matière humaine à observer.
Cover-girl, mannequin, modèle ou prostituée, ça laisse l'esprit libre. A condition, comme en tout, de savoir limiter ses gains pour utiliser ses loisirs à écrire, on peut bâtir une oeuvre dans des métiers pareils. Une prostituée qui ferait trois clients deux jours par semaine gagnerait autant qu'un professeur. Les préparations en moins, pas de notes à reporter, pas de publications professionnelles à lire pour se tenir au courant; et du temps libre.
Quiconque écrit a une chance infime de pouvoir vivre matériellement de l'exercice de son plaisir. Autant faire un second métier qui garde des amertumes, qu'on exerce sans haine et qui offre la plus indispensable des garanties pour écrire : l'indépendance."
Jean Guenot. Ecrire.
1 commentaire:
Malgré les précédents célèbres, il y a une certitude que j'ai : bibliothécaire n'est pas un bon métier pour écrire. Ou alors, bibliothécaire au sens hiérarchique du terme, ceux que nul ne voit, qui ont le vrai nom, mais pas le service et le contact des livres, ceux pour qui la loi du tableau excel a pris le pas sur le reste. Sinon, les mains dans les livres et les yeux dans les yeux des gens, parcourant des écrans ou des pages, on se noierait dans notre et leur amour de l'écrit, du dessiné, de l'imprimé. A vouloir connaître tous les livres, à défaut de pouvoir tous les lire.
Et le soir venu, une seule envie, un seul désir, une seule insatisfaction : y retourner, ouvrir les livres non encore ouverts, lire les pages pas encore lues. La masse qui engloutit et dissout ce qu'on est, asservit "au service du public".
Subjectivité de la perte d'indépendance, bien sûr.
Et puis quelle chance aussi, d'un tel asservissement !
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