Vendredi (Why can't I just spend the night)
Jusqu'à il y a peu, quand je pensais à l'exact opposé de la terre, là où les gens marchent la tête en bas ("on les appelle les antipodistes, je crois", dit Alice), je savais qu'il y avait, comme un minuscule point sur l'eau, comme un cocotier seul au monde... l'île de ma naissance.
A présent que mon centre de gravité s'est déplacé sur la planisfère, quand je reçois une lettre de l'autre bout du monde, c'est que Bertrand m'écrit.
Le courrier, même espacé, est une conversation ininterrompue qu'on peut mener où que l'on soit.
Où que l'on soit, c'est, vendredi, là où j'ai choisi de décacheter l'enveloppe et où j'ai ébauché mentalement une réponse : dans mon salon de thé de la Waseda dori. Là où mon bol d'udon et mon dessert à l'azuki me plaçaient décidément aux antipodes des couleurs du Chili.
(Merci, Bertrand, pour ta lettre à épisodes, je m'y colle aussi très prochainement !)
Il y a eu, aussi, vendredi, mon sommeil dans son salon, sous la couverture qui me recouvre les genoux. Je capitule sous les mains de mon coiffeur qui, ça y est, trouve la couleur qui me rend le sourire et rafraîchit mon iroquoise (quoi de mieux, franchement, dans la vie, que cet instant où on sent tomber autour de soi tous les cheveux superflus... Ah, cette exquise sensation dont se privent toutes les têtes longues...)
Plus tard, dans son salon qui est aussi sa chambre et sa cuisine. Il n'y a pas de lustre à pampilles mais ses mots toujours justes. Et, quand on parle de Philippe Beaussant et de sa Belle au bois, ce salon se fait littéraire.
Et, à vélo le long de l'Edogawa qui, à 2 heures du matin, prend des allures de canal à Venise, je me demande où vivent, le jour, ces jeunes gens solitaires, perchés sur leur skate board que, décidément, je ne croise qu'à ces heures du milieu de la nuit.
1 commentaire:
Impatient de voir le prochain 'self portrait tuesday', pour voir cette couleur!
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