Derrière une vitre
Les sushis étaient dodus et Cléa m'a échangé son oursin contre mon omelette.
Bientôt trois ans que je la lis et, ce soir, son sourire généreux incarné.
Elle m'a dit "et toi, Gwen, ça t'amuse toujours d'écrire ton blog ?"
Et j'ai répondu qu'amuser n'était pas vraiment le mot. Mais alors quoi ? Pas un amusement mais, bien sûr, pas une corvée non plus. Mais alors quoi ?
J'y ai pensé en rentrant. J'y ai pensé en marchant. Les ruelles étaient sombres et il n'y avait pas d'écho à mes pas. Je pouvais tenter de classer mes pensées tranquillement jusqu'à Takadanobaba.
Alors quoi ?
Et il y avait aussi cette question entendue la semaine dernière : "qu'est-ce que tu veux laisser de toi ?"
Laisser ici chaque jour une trace de moi sans toujours savoir en direction de qui.
Journal en public.
Mes journées sous forme d'instantanés.
J'ai posé mon gobelet de thé encore chaud à côté de moi derrière l'immense baie vitrée.
Sur la ligne blanche, ils étaient trois employés, impeccablement ordonnés, à secouer la main en guise d'au-revoir vers l'appareil qui s'éloignait puis à s'incliner dans sa direction avant de poursuivre leur tâche.
Quelqu'un d'autre que moi les a-t-il vus ?
Plus tard, le soir, c'est aussi derrière une vitre, à Higashi-Nakano, que j'ai vu un homme marcher sur le tapis mécanique du Gold Gym.
C'est en pensant à lui que j'ai fait la moitié de mon voyage retour à pied.
2 commentaires:
C'est très bien répondu ;)
Cléa, je ne sais pas toujours en direction de qui j'écris mais, maintenant, je sais au moins mettre ton visage lumineux sur une lecture quotidienne. Merci pour cette soirée, merci !
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