25.5.08

Petit déjeuner entre amis

Le soleil a brillé à 7H. Juste le temps d'effacer les traces de la nuit de pluie sur mon balcon.
Puis la lumière est redevenue grise.
Alors j'ai décidé que c'était l'heure du petit déjeuner.

Les dimanches matins sont des jours à part entière et ils ont toujours un goût particulier, n'est-ce pas ?
On en choisit la bande son avec autant de soin que la vaisselle, les saveurs changent de l'ordinaire et sur la table est souvent posée une revue ou un livre parce qu'on sait qu'on va rester là un moment, remettre de l'eau dans la bouilloire plusieurs fois, oublier que le temps passe, se dire que le marché attendra.

Chez moi, ce matin, Glenn Gould joue une partita de Bach. Le thé est fumé. Le petit pot de crème est au jasmin et le cake au gingembre, cuisinés par Valérie. Et les pages que je tourne sont celles de Trois sentiers vers le lac, un recueil de nouvelles de Ingeborg Bachmann.


"Monsieur Karl ! Je vous en prie, sauvez-moi, regardez-moi ça ! Elle passait les doigts dans ses longs cheveux bruns : Dites-moi vous même ! ça ne peut plus durer, il n'y a pas plus de huit jours que je suis passée ! M. Karl, fouillant dans sa chevelure avec un autre peigne, dit que d'une certaine manière, dans une certaine mesure, ça allait, mais qu'il devait cependant conseiller avec insistance un traitement bio-intesif CHEV-09, élaboré par les laboratoires de l'Oréal, et il lui conseillerait avec une insistance plus grande encore toute une série d'ampoules, à renouveler dix fois seulement. Beatrix l'interrompit vivement : D'accord pour une ampoule à titre d'essai, je comprends, mais me décider pour toute une série, non, monsieur Karl, je ne peux vraiment pas me décider aujourd'hui, j'ai encore une journée terrible devant moi, vous n'avez pas idée, et puis avec ce temps !"


Le temps va rester à la pluie, aussi mon dimanche matin va durer toute la journée et je le passerai avec mes amis :
ICI, je recopierai la recette du gâteau de Valérie (ou de ses autres secrets qui réussissent à rendre doux les jours de pluie, les jours d'attente),
ICI, je lirai les notes au fil du pinceau qu'Agnès s'est décidée à rendre publiques,
ICI, j'écouterai à l'infini la voix du Consul lire la page 48 de Au-dessous du volcan.

Le soleil revient demain mais demain, c'est lundi et je ne veux pas encore y penser. 

2 commentaires:

le consul a dit…

l'infini c'est long, surtout vers la fin, comme dirait l'autre... alors m'écouter à l'infini, gloups...

Clea a dit…

Il m'avait semblé, aussi, reconnaître la patte de Valérie ;)