13.7.09

La vie moderne

On atteint vite l'âge où on se met à parler d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Notre ordinaire disparu est parfois l'indicateur le plus sensible de notre état civil.

Les numéros de téléphone à 8 chiffres.
Et même : à 6 chiffres.
Le Louvre sans pyramide.
Les voitures aux sièges sans appuie-têtes.

Il arrive vite le temps où on ressemble à des dinosaures aux yeux des plus jeunes qui, à leur tour...

Les téléphones à cadrans tournants.
Les picorettes.
Les tourniquets dans les jardins d'enfants.
Les gadgets dans les paquets de lessive.

C'est la vie moderne qu'on confond si volontiers avec le progrès.

Oui, j'ai vécu avant les fours micro-ondes.
Avant les magnétoscopes.
Avant les fers à repasser à vapeur.
Mais oui, je me coiffais sans l'aide de gel.

Tout cela est facile à dater.
Plus subtil est, en revanche, le moment où ce qui était luxueux devient ordinaire.

On peut dire à quel âge on a écrit nos premiers mails mais quand les connexions sont-elles toutes devenues à haut débit ?
Depuis quand les téléphones portables sont-ils tous équipés d'un appareil photo ?

Et en quelle année la direction assistée a-t-elle cessé d'être une option ?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah, quelle belle perche !

Je compatis, moi qui n'ai pas eu la chance comme toi de d'assister à la séparation de l'Eglise et de l'Etat, d'applaudir l'avènement du Front Populaire ou encore de bavasser avec Ernest Renan...Néamoins, il y a de la nouveauté qui t'attends : les déambulateurs, les demi-lunes pour lire le journal tenu à bras tendus, le verre à whisky recyclé en verre à dentier, les teintures violacées chez le coiffeur, les téléphones à très grosses touches...encore un effort, camarade ! :-D

Jolis billets ces derniers temps, sinon...

Senbei, prince vieillissant du rattrapage minable.

https://krotchka.wordpress.com a dit…

Je te rejoins ici tous les jours, c'est un plaisir. J'aime tes brèches dans le quotidien, ta sensibilité pour l'infime. Il n'y a pas d'époque pour être anachronique ; de tout temps, je crois, tu aurais été de nulle part.
krotchka

Anonyme a dit…

Et puis il y a des "choses" comme
les préludes et fugues qui ont la vie dure ; ça traverse le temps
- avec des thème et des variations de Goldberg à Diabelli ... ça se fout de tout / de la pluie comme du beau temps / une valse à trois temps ...

Gwen a dit…

Senbei : hey petit, va jouer au ballon !!!

Krotchka : C'est peut-être, en effet, être de nulle part que de se sentir tellement à la fois d'ici et d'ailleurs...
(merci pour cette présence quotidienne)

Anonyme : Oui, il est heureux que la musique traverse les temps car je n'aurais pas tellement aimé vivre à l'époque de Bach ou Beethoven !