Immigrée
Si vous dites "Shinagawa" à des Japonais, ça ne leur évoque sans doute rien d'autre qu'un quartier de Tokyo ou une station de métro, une grande station où le Shinkansen s'arrête...
Mais si vous dites "Shinagawa" à des étrangers, alors, tout de suite, ils pensent au bus qu'ils ont tous pris pour aller, depuis Shinagawa, jusqu'au bureau de l'immigration de Tokyo. On dit "aller à Shinagawa" par commodité. En réalité, il s'agit d'aller un peu au bout du monde, dans une zone portuaire pas très attirante où, à part ce bureau de l'immigration, il n'y a pas grand chose.
Si vous dites que vous devez aller à Shinagawa à des étrangers, tout le monde vous regarde avec compréhension et un peu de pitié. Je ne connais personne qui considère cela comme une partie de plaisir (Madame Gâ appelle ça "se taper l'immigration" !)...
Et pourtant...
Et pourtant, cet endroit n'est pas glauque, climatisé en été, bien chauffé en hiver. Le combini du rez-de-chaussée vend tous les timbres nécessaires aux différents visas mais aussi tout ce que vendent n'importe lesquels des combinis de la ville : notamment de quoi pique-niquer dans un rayon de soleil quand on s'est levé plus tard que prévu et qu'on arrive juste avant la pause de midi !
Les salles d'attente sont spacieuses, dotées de fauteuils dans lesquels il est très facile de s'endormir et garnies d'écrans de télévision pour ceux qui n'ont pas apporté de livres. Et, d'ailleurs, je n'y ai jamais passé plus d'une demi-heure, à peine de quoi lire ou noircir quelques pages, pas grand chose, en fait...
Les employés derrière les guichets sont au pire polis mais, parfois, ils sourient aussi. Dans tous les cas, ils sont efficaces.
C'est un endroit idéal pour découvrir tout un tas de langues dont on ignore parfois même l'existence, dont, parfois, on ne devine pas la provenance...
Au bureau d'immigration de Tokyo, je me surprends à découvrir que le japonais est devenu, pour moi, une langue de référence, autant que l'anglais. Une langue qui me permet de communiquer, une langue que je comprends ou que, au pire, je devine.
Au bureau d'immigration de Tokyo, je me dis que si la France traitait ainsi les étrangers qui lui demandent une carte de séjour plutôt que de les faire attendre dehors sous la pluie ou le vent pendant des nuits entières, ça me paraîtrait naturel et, même, la moindre des choses...
Bon, en même temps, quand j'ai appris que je n'aurai pas à y retourner d'ici trois ans, je ne me suis pas roulée par terre pour réclamer !!!
1 commentaire:
Bien d'accord avec toi, G. Moi qui me suis tape la sous-prefecture de paris, section des etrangers de l'est parisien, dehors dans le froid plusieurs fois, et qui ait bien vu qu'on me parlait, a moi, correctement parce que j'etais blanc, diplome (et francais au demeurant), le bureau douillet de tokyo me parait un paradis administratif (ca reste une corvee, entendons-nous).
Ca enrage encore plus de voir a quel point l'administration francaise peut laisser le mepris devenir la norme.
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