Les questions existentielles

-D'où viens-je ?
Il faut partir à l'étranger pour, parfois, découvrir un nouveau visage de son pays d'origine. Ainsi, moi qui croyais avoir habité au pays du fromage et de la haute couture, j'ai appris ici que la France est le pays du chocolat.
Quand je dis que je n'aime pas ça, les Japonais me regardent avec curiosité et s'écrient : "eeeeeeeeh !!!! Vous êtes vraiment Française ?"
C'est bizarre : c'est la question (moins les "eeeeeeh") que m'avaient posée les employés de la mairie d'Hellemmes le jour où je leur avais demandé de renouveller ma carte d'identité.
Ce jour-là, j'avais appris qu'après avoir vécu 34 ans en me croyant Française, il était temps que je prouve que je l'étais vraiment.
Parfois, l'administration ressemble vraiment à un roman de Kafka.
Si j'avais su, j'aurais avalé trois plaquettes de chocolat sous les yeux de l'employée du tribunal qui me disait que vouloir prouver ma nationalité par l'intermédiaire de mes nombreuses années de mariage allait me demander... au moins un an...
Kafka, vraiment.

-Où suis-je ?
Japon. Tokyo.

Dans les rues de Yanaka le dimanche, c'est Tokyo et c'est ailleurs.

C'est aussi une petite ville de province aux ruelles silencieuses et endormies.

Les jeunes amoureux qui s'y ennuient font de la balançoire dans les squares à côté de personnes presque trop âgées pour encore porter jusqu'à leur bouche la cigarette qu'elles ont eu du mal à allumer.

Et le soleil dénude les bras comme si c'était Pâques.


-Où vais-je ?
...