30.6.08

Loin d'Orléans

"Sa 27.7.1991
Levé à cinq heures. C'est à peine si le jour point. C'est presque devenu une habitude que d'ouvrir les yeux aux Bordes, à la fin de la nuit, dans la paix profonde de la campagne, avec le perspective d'une journée de libre invention, de rêverie matérielle active, exécutive. Rien, nul souci pour faire obstacle à ma pente naturelle. Tout au besoin de faire des choses tangibles, de leur transférer l'élémentaire sentiment d'exister qu'elles me retournent dûment lesté des qualités qui me sont étrangères, la permanence, l'indifférence à l'inquiétude, à la douleur, au temps qui passe."
Pierre Bergounioux. Carnet de notes 1991-2000

Délaissant Tokyo, oubliant mon quotidien, je m'immerge dans celui de Pierre Bergounioux, à travers son Carnet de notes.
Je redoute ma propre routine mais me laisse bercer par la sienne.

Dans son année 1991, je retrouve des bribes de la mienne : nous passons, lui et moi, par la porte d'Italie quand nous allons à Paris. Son frère est mon prof de linguistique à la fac. Avec Pierre Michon et François Bon, il participe à une lecture aux Temps Modernes où j'achète mes livres.

Catherine Martin était ma libraire, j'ai toujours admiré sa classe, ses partis pris, sa ténacité.
Plus tard, alors que je vivais loin d'Orléans, je suis retournée aux Temps Modernes.
Et la phrase de Catherine et son sourire confiant m'accompagnent encore maintenant, maintenant que je vis encore plus loin d'Orléans.


"C'est bien de savoir claquer des portes quand on ne sait pas ce qu'il y a derrière : après, tout est à inventer et c'est passionnant".

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Du moment que la mélancolie de Bergounioux n'empiète pas sur ton humeur. Je ne savais pas que c'était aussi une lecture de chevet, avec Michon,au final on en n'en a jamais parlé. Bises.
Laurent

Gwen a dit…

Non, ça va, Bergounioux ne plombe pas mon humeur... Je ne me laisse pas influencer, du moins... pas par lui !
(c'est plutôt Un homme qui dort de Perec qui aurait pu me faire me complaire dans la léthargie, l'absence à soi et au monde... Heureusement, Brautigan est passé par là et son humour et sa dérision m'ont relevée...)
Ce n'est peut-être pas un hasard si on n'a jamais parlé de Bergounioux et de Michon : je ne les ai jamais lus !!! Eh oui, j'avoue !!!!
Mais l'ayant entendu parler de ce carnet, ayant entendu d'autres personnes en parler, ça m'a donné envie... J'aime lire les journaux des écrivains et celui-là n'est pas décevant un seul instant...
Bises aussi !