Dans les draps
Quand Nelson a pris mon bras, devant la photocopieuse, l'a-t-il senti se contracter ?
Ca me réjouit, ici, de n'embrasser que des gens qui me sont proches, de ne serrer des mains qu'occasionnellement. Aussi, je suis toujours surprise par ces gestes inattendus .
Ce pays est réputé pour l'absence de contacts humains.
Pourtant, dans l'Odakyu, nous avons la fatigue, le silence et le sommeil en commun, ces choses si intimes. Et, basculant les uns contre les autres, les corps se touchent dans ces cas-là, les cheveux s'emmêlent, les genoux ne se disjoignent pas. Chacun s'enferme dans sa propre lassitude, peu importe ce que vit le voisin.
Mon voisin, cette fois-là, ne dormait pas. Je le sentais nerveux, à toujours bouger, agiter les jambes, changer de position, ouvrir et refermer son téléphone, vérifier le nom des stations.
Et c'était comme si j'avais affaire à un insomniaque qui se tourne, se retourne, soupire, rallume la lumière, tourne bruyamment les pages d'un magazine, froisse les draps. Le genre de choses qu'on pardonne seulement à l'être qu'on chérit (et qui, lui, d'ailleurs, plutôt que de nous les imposer, s'en va à la cuisine, boire un verre de lait ou lire de la poésie...).
Et j'ai eu envie de lui dire : "mais enfin, monsieur, on ne se connaît pas, veuillez à présent sortir de mon lit !"
2 commentaires:
Le wagon de métro comme un immense lit... je ne verrais plus le métro comme avant.
Moi non plus...
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