"La vie dure très longtemps, parfois, surtout le dimanche quand on est adolescent."
"On mangeait beaucoup de chewing-gums à la maison. Le long de la voie ferrée on avait des tas de chewing-gums avec des parfums qui n'ont pas tenu la distance. Je me souviens de licorice et de strawberry-lemon. Je me souviens de ginger-cinnamon et d'anis. Je me souviens de ça pour pas me souvenir du reste. Pourtant le reste il est ici devant moi. C'était un peu avant le début des années quatre-vingt, où ça s'est mis partout à péter les durites. Il y a eu aussi moins de choix pour les goûts de chewing-gums, après ça. Elle venait vers mon bureau où j'attendais le temps passer. Je ne l'entendais pas, je n'étais pas là pour longtemps de toute façon. T'en veux un ? Licorice, demain, lundi, j'allais me remettre à fumer. Magali préférait les strawberry-lemon, on avait aussi cassis et puis fruits verts. On aimait bien le hit-parade, on faisait des bulles en chantant. Pour qu'on s'amuse encore plus elle m'en donnait un que je n'aimais pas du tout, par exemple un chewing-gum à la poire. Il y avait vraiment des parfums dégoûtants ces dimanches-là."
Il pourrait flotter un parfum d'oeuf dur dans la rue à Ginza le dimanche et je n'en serais pas étonnée.
Sous les parasols, on déballe les onigiris maison, on boit le café du thermos.
Les trottoirs les plus chers du monde n'empêchent pas cette ambiance de congés payés.
Et moi, j'ai presque l'impression de lire au bord de la mer. Mais, dans les pages, c'est Ménilmontant, Asnières, St Ouen et les dimanches y sont longs comme des jours sans pain.
Qu'est-ce qui, dans la vie, me procurerait le même effet que ce livre de Dominique Fabre à part un sachet de Picorettes ???
Mais les Picorettes, ça n'existe plus. Restent ses mots à lui, qui disent si bien ce temps où on ne sait pas quoi faire de soi-même, où on n'a pas les clés du monde, où il ne reste plus qu'à attendre. Attendre de devenir soi. Enfin. Et plutôt un lundi.
"Les printemps ont bien changé depuis l'adolescence : j'ai vieilli. Les arbres sont toujours aussi verts, et c'est toujours un peu plus douloureux chaque année, le vert des arbres. Il paraît que ça se calme, avec le temps. Il y a même beaucoup de choses qui se calment, avec le temps. Mais pas le silence, jamais le printemps. Il y a des choses qui continuent d'exister, mais en fait on va bien, on finit par exister à côté d'elles en leur compagnie, en leur plus ou moins bonne compagnie."
Dominique Fabre. J'attends l'extinction des feux.
2 commentaires:
bad hair
tiens c'est marrant picorette est exactement le nom que je cherchais l'autre jour. Je me souviens c'était des sachets blanc et elles avaient la particularité d'êtres très légère les picorettes. Au boulot quelqu'un avait ramené une truc similaire mais pas pareil dans un gros paquet rouge. Mais elles me rappelait plus les ovomaltine que les picorettes malgré leur légèreté. Les treets aussi ont disparu mais je préférais les picorette. Et ça me fout le bourdon d'y penser même si ce n'est pas que des bons souvenirs.
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