28.11.08

les balais de l'automne (5)


Et quand soudain, entre deux ciels immensément bleus, se faufile une journée de pluie qui alourdit nos pas et change les feuilles d'or des ginkos en écoeurante purée,

je m'en console avec un bol de macha et les mots d'un poète. Et je pourrais formuler le même voeu que lui.

"Quelquefois, je passe devant de petites boutiques : dans la rue de Seine, par exemple. Ce sont des antiquaires, de petits bouquinistes ou des marchands d'eaux fortes aux vitrines trop pleines. Jamais personne n'entre chez eux, ils ne font apparemment pas d'affaires. Mais si l'on y jette un coup d'oeil, on les voit assis, toujours assis, lisant et insouciants. Ils ne songent pas au lendemain, ne s'inquiètent d'aucune réussite. Ils ont un chien qui est assis devant eux et frétille de bonne humeur, ou un chat qui agrandit le silence en se glissant le long des rangées de livres, comme s'il effaçait les noms du dos des reliures.
Ah ! si cela pouvait suffire : je voudrais quelquefois m'acheter une de ces vitrines pleines de choses, et m'asseoir là derrière, avec un chien, pour vingt ans."
Rilke. Les cahiers de Malte Laurids Brigge.

"Rien d'autre, oui, si ce n'est l'amour. Et comme l'écrit un poète, tout le reste m'est feuilles mortes."
Philippe Forest. Le nouvel amour.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

où étions-nous
où la poupée brille de larmes
où son lit de lacs sa demeure
où ses absences d’arme nue
où cette chaux vive énerve le vent
où étiez-vous dormante mirant d’étranges oracles

dans votre étrange
antique

non je n’hésite pas à vous prescrire
pendant que les feuilles mortes

ceux qui habitent Césaire
ceux qui habitent Senghor

au pied d'une vitrine transparente
et quelques livres pour vous

voici l'hiver voici le feu
qui balaie l'automne.

Pays de Neige.