Le ciel bleu sans elle
Elle s'était levée avant moi et le thé fumait sur la table.
Mon dernier petit déjeuner français date de ce jour de février, il y a deux ans, face au jardin.
Ensuite, nous avions mis mes bagages dans le coffre et elle avait fait tous les détours possibles ainsi que deux fois le tour du rond-point des Invalides avant de me déposer à la station de RER.
Elle voulait que je profite jusqu'au dernier instant de la ville dont j'avais vécu éloignée pendant deux ans et que je ne reverrai pas avant au moins aussi longtemps.
Elle était aussi excitée que si elle avait peint elle-même le ciel en bleu, avait déposé l'angelot en haut de la tour de la Bastille, avait planté tous les arbres des bords de Seine... Afin de m'en offrir la surprise ce jour-là.
Sur le trottoir parisien, on s'était embrassées, émues de se quitter parce qu'en se disant à bientôt, on ne savait pas quand ce serait.
Kriss était une vraie généreuse, elle partageait autant ses enthousiasmes que ses amitiés, ses découvertes, ses bonnes adresses. Elle offrait sa voix à tous mais aussi à chacun.
Elle m'a rendue belle et forte et j'espère avoir réussi à lui donner, moi aussi, ce que j'avais.
J'aurais aimé, même à distance, unir mes forces aux siennes pour le combattre, son cancer.
Paris sera toujours magnifique et le ciel encore bleu. Je prendrai d'autres petits déjeuners, je continuerai à écouter la radio. Je vais continuer à vivre, aussi. Mais sans elle.
Je ne parviens pas à croire que ce sera aussi bien.
8 commentaires:
moi non plus, je ne crois pas que ce sera aussi bien.
depuis toutes ces semaines, mes dimanches pensent à elle, et je crois bien que ce sera longtemps, longtemps encore le cas.
tristesse souriante des sourires dans sa voix.
Merci pour votre message !
Comment ça pourrait etre aussi bien sans sa voix, sa bonne humeur, son sourire, sa gentillesse...
Elle va aussi me manquer. Beaucoup. Comme à tant d'autres.
isa.
ps : Kriss m'avait parlé de vous quand je lui ai dit que je vivais à Tokyo, c'est elle qui m'a donné l'adresse de votre blog ;-)
Aaah non pas ça.
J'adorais la voix de Kriss, ses engouements sa passion des gens curieux.Son rire.
Son départ j'en avais peur mais me disais qu'elle passerait, elle, et son énergie à travers cette p. de maladie.
Quelle chance as tu eu de la connaître...
Trop malheureuse de cette nouvelle que j'apprends sur ton blog.
Va trop me manquer.
Je l'apprends par toi... ... ... ... ... ... ...
Vos commentaires, vos mails... Merci.
Même absente, Kriss continue à faire lien.
Tristesse et émotion que de perdre une telle personne sur les ondes et dans notre quotidien, grâce à elle, j'ai découvert ton blog mais aussi j'aimais ces dimanches midi plein de charme et de fantaisie. Elle m'a toujours acompagnée avec sa voix malicieuse et enjouée tout au long de mon adolescence et par la suite... Je l'aimais tellement bien....
des pensées... tes mots sont beaux, très beaux. le ciel bleu sans elle -on pourrait y penser à chaque fois qu'il apparaît. et que les dimanches n'auront plus sa voix...
je me souviens, à 14 ans je l'écoutais les jours où nous n'avions pas classe et puis avec un copain nous nous racontions les émissions au lycée... souvenirs très doux... d'autres souvenirs tout au long de ma vie, de mes ages... Je ne l'oublierai jamais, j'entends sa voix en serpentin, la vitalité même, un art aussi de faire coincider le second degré avec le premier, car cherchant à mettre en valeur quelque chose de creatif en chacun, et le souffle de la voix humaine comme un sens à la vie, était ce un métier, une croyance, un art, que celui ci ? En tout cas une intensité donnée aux moments qui restent en moi et que l'emmenerai partout désormais...
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