22.11.09

L'heure anglaise (12)

Alors que je ne sais pas encore de quoi sera faite la journée, je plonge ma cuiller dans la mousse à la banane et j'ouvre le journal de Virginia Woolf.
Le temps peut attendre, encore un peu. L'heure est anglaise et, surtout, immobile.

"Nous sommes tous deux épuisés et les visages humains ne nous laissent plus une impression bien nette. Nous n'en devons pas moins aller dîner chez Osbert Sitwell ce soir, et rendre visite à Thomas Hardy demain. C'est cela la vie des humains, cette matière infiniment précieuse qui nous est distribuée dans l'instant en rouleaux étroits, pour nous être ensuite retirée à jamais; et nous la passons ainsi. Les journées où l'on ne ressent rien de bien défini sont les pires de toutes. Les journées où l'on s'oblige à entreprendre ceci ou cela pour quelque raison. Mais quelle raison ?
Il n'y a rien d'important à signaler pour le moment; ou bien (car mon état d'esprit est prodigieusement important) j'attends d'être à Rodmell pour le noter. Là-bas aussi je m 'attaquerai à la dernière partie de ce python, mon livre; c'est un vrai combat et je me demande de temps en temps pourquoi je m'expose à cela. Rose Macaulay dit : "A quoi d'autre pourrait-on employer ses pensées ?" Je ne l'ai pas revue, Gwen non plus et n'ai pas écrit à Violet Dickinson ni appris le français ni terminé Clarissa."

Virginia Woolf. Journal intégral. Jeudi 22 juillet 1926.

2 commentaires:

Agnès a dit…

Bonjour Gwen, l'heure anglaise est 7h35, et le dimanche anglais commence doucement. Toujours un vrai plaisir de te lire!

Gwen a dit…

Mille fois mieux que l'horloge parlante anglaise : avoir une fidèle lectrice à Londres !
Merci Agnès !