20.8.08

Portraits sans porte

Des gens que je connais, je ne retiens pas toujours l'exacte couleur des yeux.
Plutôt leur stature, leur silhouette, leur démarche... Leur manière de bouger.
Mais, quand il s'agit de les décrire, je ne peux pas m'empêcher de parler de leurs cheveux.

Tout ne passe pas par le regard mais, l'autre soir, alors que je le rencontrais pour la première fois, il a planté ses yeux dans les miens avec tellement de franchise et d'insistance que j'ai détourné la tête (il y a un temps où j'aurais rougi).

De cet autre, je sais que ses mains ne lui permettent pas toutes les interprétations sur un clavier noir et blanc mais, lorsqu'elles se posent sur ma taille le temps d'un feu rouge ou d'une danse... Cela m'est bien égal.

"Ainsi qu'Inga me l'avait un jour fait remarquer, depuis Platon, la philosophie et la culture occidentale ont un côté oculaire : la vue est notre sens dominant. Nous nous déchiffrons mutuellement à l'aide de nos yeux, extension anatomique de notre cerveau. Quand nous regardons quelqu'un dans les yeux, c'est dans un cerveau que nous regardons. Un individu sans yeux est perturbant pour la simple raison que les yeux sont les portes de la personne."
Siri Hustvedt. Elégie pour un Américain.

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