Le questionnaire
Le ciel gris d'aujourd'hui date d'hier.
Le ciel s'est couvert d'ardoise à l'heure où, en terrasse dans la forêt du Meijijinja, j'ai répondu aux questions qu'ils étaient quatre à me poser.
"Avez-vous déjà marché dans Shinjuku ?"
La canette de thé chaud m'a rappelé celle que j'avais bue un heureux dimanche d'hiver dans les rues de Yanaka.
"Quel genre de personne haïssez-vous ?"
A la table voisine, un couple a déballé des biscuits Glico. De ceux que je n'ose plus manger maintenant de peur de m'apercevoir que je ne les aime plus.
"Quels sont les points positifs et négatifs de votre pays d'origine?"
Je n'ai pas su identifier la langue asiatique que parlaient les garçons entre deux gorgées de Coca qu'ils buvaient dans des bouteilles en verre.
"Avez-vous un amoureux ?"
"Vous avez des questions à nous poser ?"
Après leur départ, j'ai continué à lire sous ce ciel de rentrée des classes.
"Bon, qu'est-ce que je vous disais ? ça n'est pas facile de vous raconter une histoire, à vous... Ah, oui, que j'ai été plongeur. J'habitais une maison de verre sous la mer, avec un collègue belge, un poète qui prétendait avoir eu le prix Nobel. Rien que ça. On avait un élevage de poissons-lunes.
-Et vous en faisiez quoi ?
-Des lampes, bien sûr. A ma connaissance, personne n'a jamais réussi à faire autre chose avec les poissons-lunes. Des tam-tams, on a essayé, mais... c'est trop piquant."
Olivier Rolin. La langue.
1 commentaire:
papier-peint du moment: ikebukuro5
merci
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