15.9.08

Une nuit de pleine lune (une liste non exhaustive)


Fredonner des mélodies frivoles. Marcher dans les rues aux vitrines éclairées. Danser. Aller jusqu'à la gare. Hésiter sur une destination possible et, finalement, se contenter de boire un jus de fruit en regardant les voyageurs sortir. Ecrire "mon amour" en haut d'une page et savoir qu'on a la nuit pour écrire la suite. Danser. S'asseoir près de la bibliothèque, en sortir quelques livres pour en relire quelques pages, quelques mots. Changer les photos accrochées sur le mur. Se résoudre à faire la vaisselle. Aller acheter de la moutarde. Envoyer un mail aux amis à qui on pense. Danser. Regarder la météo du lendemain. Et de la fin de la semaine. Chanter en français, en anglais, en yaourt, en japonais. Mixer un bloc de tofu et une banane, ajouter une cuillère de purée d'amande, mettre au frais. Danser. Penser à la partie de la terre où il fait encore jour. Danser. Faire défiler des photos des jours heureux en diaporama. Aller payer la facture de gaz. Remettre au lendemain ou à la semaine prochaine le nettoyage de la tache de miso sur la moquette. Danser. Allumer un bâton d'encens acheté au temple, près du restaurant de soba. Improviser un petit dialogue, par mail, entre deux portes. Nommer les photos qu'elle m'envoie ("en famille sur le trottoir", "des moustaches de glace", "chapeau !", "jolie tarte au citron, jolie vaisselle", "le croissant") avant de les glisser dans un dossier. Lire Le Monde des livres. Danser. Redécouvrir un sachet de yogi tea en cherchant autre chose dans la cuisine. Faire chauffer de l'eau.
Regarder l'heure.
Aller se coucher.

Ma radio des pleines lunes saura-t-elle inspirer quelques unes de vos nuits ???
(Cliquez en haut à gauche pour le savoir... et me le dire)

"Ces chansons seront toujours liées à M. comme d'autres le sont pour moi à d'autres hommes, pour lui à d'autres femmes. On devrait avoir une grande jalousie des chansons. Il suffit que j'entende l'une d'entre elles par hasard, dans un centre commercial, un salon de coiffure, pour me retrouver transportée, non dans un jour précis, mais dans une durée où les variations du ciel et de la température, la diversité des événements du monde, la répétition des parcours et des actes quotidiens, du petit déjeuner à l'attente sur le quai du métro, se sont fondus, comme dans un roman, en une longue et unique journée, froide ou brûlante, sombre ou lumineuse, colorée dans une seule sensation, celle de bonheur ou de malheur.
Aucune photo ne rend la durée. Elle enferme dans l'instant. La chanson est expansion dans le passé, la photo finitude. La chanson est le sentiment heureux du temps, la photo son tragique. J'ai souvent pensé qu'on pourrait raconter toute sa vie avec seulement des chansons et des photos."
Annie Ernaux. L'usage de la photo.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

La lune ronde et jaune monte dans le ciel, sous les cris stridents d'oiseaux attardés.
Ta nouvelle sélection radio tombe à pic, il est temps de se façonner de nouveaux souvenirs...

Anonyme a dit…

et d'aujourd'hui pour toi, ce serait une photo floue : tu danses !!

Anonyme a dit…

Danser. Laisser couler le temps. Se souvenir. Parler d'amour. Réaliser à 7h du matin que c'était la pleine lune et voir un nouveau soleil pourpre se lever. Réaliser que ça fait déjà 2008 ans que le calendrier chrétien existe (et bientôt un de plus. Ce matin je me suis sentie vieille!

Et je suis assez d'accord avec Annie Ernaux, mais je te l'ai déjà dit.

Cette nuit j'ai rêvé d'Harajuku (O_o ...)

Gwen a dit…

joli programme, Clémence !
Hier, ce n'était plus la pleine lune mais j'ai parlé d'amour dans la nuit... C'était bien aussi.
J'ai repensé à tes photos entre lesquelles il y avait tes enregistrements, le son du Japon comme une bande sonore transportée chez toi...