15.12.07

En voyage

C'est un samedi matin en province.

Sur un banc : des oeufs, des fruits. Il me faudrait un thermos plutôt qu'un oolong froid.

Si la montagne est encore rousse, la lumière a changé : même au soleil, elle est plus froide.

C'est l'hiver.

Par commodité, je change le nom de ma ville natale. Que leur importe, après tout. Et que m'importe, d'ailleurs. Il est possible que je passe ma vie sans jamais aller sur cette île.

Elle, elle habite où elle est née. Est-ce là ce qui nous différencie le plus ?

Dans le train, je lis le dernier livre de Denis Roche.

"Dans mon roman Louve basse, publié en 1976, j'évoquais un rituel dogon dont le but était de célébrer un mort. Pour ce faire, l'officiant, sorcier ou griot, comme on voudra, chante une longue litanie, sous forme psalmodiée, qui consiste à énumérer en boucle tous les lieux qui ont vu passer le mort pendant toute sa vie : de case en case, d'arbre en arbre, de plant de manioc en plant de manioc, de femme en femme (mais la femme est, chaque fois, située, mentionnée dans un endroit précis), de visite en visite, de famille en famille, de colline en colline, de sentier en sentier.
Comme en un lent, magnifique, interminable piétinement. J'ai été très frappé par ce chant funèbre qui, à n'en pas douter, exalte la vie d'une personne comme une seule succession de déplacements, de minuscules voyages, de présences l'une après l'autre. C'est une géographie physique, n'est-ce pas ?"
Denis Roche. La photographie est interminable

2 commentaires:

Anonyme a dit…

coincidence ? tant de ciels et de bleus en échos à ceux d'un pays voisin. L'hiver, ainsi arrivé, indique un même voyage.

Pays de Neige.

Cocje a dit…

Tiens un livre encore inconnu, moi qui n'en ai même pas soupçonné l'existence.
Nos profs diraient "quelle honte" (même sans l'avoir lu). Moi je dis chouette, encore un truc à se mettre sous la dent ! Mais ma journée ne fait que 24h, chaque chose en son temps.