31.10.08

"Les femmes et les nuages, c'est un peu pareil"


J'ai bien aimé qu'elle fasse un détour, m'ayant aperçue dans la file d'attente, pour me dire bonjour. Mais aussi au-revoir puisqu'à Noël, elle déménagera en Norvège. Et elle a dit que, peut-être, ils reviendront un jour en voyage au Japon puisqu'en deux ans, bien sûr, ils n'en ont pas tout vu.

Ensuite, les portes se sont ouvertes et, dans la pénombre, des photos presque douces d'Araki étaient projetées sur l'écran.
Philippe Forest parlait de poésie et de photographie quand il a dit qu'une oeuvre d'art était, pour lui, l'empreinte d'une main. Qui nous fait signe. L'empreinte d'un instant, aussi.

A la fin, il y a eu la poignée de main de Jean-Yves Cendrey et le regard franc de Marie N'Diaye -ses yeux qui ne se détournent pas. Pour y avoir répondu moi-même cent fois, je m'en voulais de lui poser cette question et, pourtant, en l'écoutant me répondre, je ne l'ai pas regretté.

Car elle a dit non, qu'ils étaient juste allés à Kamakura mais que, le reste du temps, ils avaient continué à marcher dans Tokyo. Et j'ai été, un peu bêtement, heureuse de savoir qu'ils ont connu cette expérience-là, de la ville infinie aux cent mille ruelles et que le quartier qu'elle a préféré est celui où j'ai fait connaissance avec les heures inépuisables de découvertes minuscules.

Marchant comme d'habitude dans le petit matin, j'ai essayé d'imaginer le jour où je partirai. (Sans doute pas vers la Norvège car, plus encore que de tofu, je me nourris de lumière.)
Je sais qu'ensuite, je ne reviendrai pas. Car, décidément, je ne suis pas voyageuse. Je sais que, du Japon, je ne verrai sans doute jamais rien. Mais que je connaîtrai par coeur des kilomètres innombrables de cette ville-village.

"Tous les souvenirs enfin s'effacent. Et puis restent les rêves. Alors, comme ils sont seuls désormais, c'est à eux que l'on confie le souci de sa vie."
Philippe Forest. Sarinagara.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu parles de pays froid, j'écoute "à la croisée des mondes" du haut de mon escabeau... Je parie que juchée sur un ours tu ne refuserais pas une petite visite !
Quelle plaisir cette histoire, vraiment HP, à côté, c'est de la gnognotte !!

Gwen a dit…

Oui enfin, c'est surtout le premier tome qui procure ce plaisir là, j'ai trouvé... Ensuite, on est à la croisée des mondes, en effet, mais on ne sait plus tout à fait lesquels tellement il y en a !!!