Un quart de la Yamanote
Mes samedis ont, décidément, à voir avec la Yamanote. D'habitude : à bord du train, à bord de ma fatigue, j'absorbe le soleil de ces matins lumineux et chaque nom de gare me donne envie de descendre et aller explorer les rues avoisinantes.
Alors, aujourd'hui, je prends mon vélo et longe la voie. De loin, de près, au gré des impasses.
J'ai l'impression de passer de l'autre côté du décor, voir enfin ce que je ne peux pas apercevoir les autres jours.
Je me laisse dériver et fais la mise au point de mon regard sur des détails, rien que des détails.
Sugamo, Tabata, Nippori, Nishi-Nippori... En passant devant chaque gare, je parodie pour moi-même la voix de machine qui annonce l'arrêt sur le quai. Et je sais enfin l'envers de ces stations.
Pour une fois, j'arrive à Yanaka par le cimetière et découvre de nouvelles rues du quartier. Une petite foule s'y presse. C'est les congés de fin d'année, les enfants sont excités et les achats seront bientôt de dernière minute.
En passant de temple en temple, me fiant au seul hasard pour avancer, je réalise que, en effet, à force de faire le pitre en cours, je ne connais pas le pays de neige à 10000 km d'ici. Mais je connais Tokyo comme ma poche. C'est à dire que je sais d'avance ce que je vais y trouver et, pourtant, je peux encore être surprise par un détail inattendu ou oublié.
Quand je ne vivrai plus ces surprises, il sera temps de partir. Et je le ferai.
En attendant, pas encore lassée, je remplis le ventre de mon Lumix, presse la détente de mon Leica.
Je profite des palmiers qui sont comme des bouquets de fleurs dans le ciel d'un bleu sans fausse note.
Et, aujourd'hui, je décide d'inclure un être humain au paysage urbain ! C'est vrai quoi ! Cette ville compte une douzaine de millions d'habitants mais je la photographie toujours comme si elle était déserte...
Arrivée à Ameyoko, il est temps de rebrousser chemin : trop de monde et pas envie d'être parmi les autres. Pas envie du bruit des voix dans les hauts parleurs qui canalisent la foule tranquille. Pas envie des odeurs de poissons.
Alors je remonte à vélo et, plutôt que de rentrer par le même chemin, emprunte une route qui trace une parfaite diagonale jusqu'à chez moi. Le soleil est bas et aveuglant. J'ai, soudain, hâte d'être devant un thé fumant.
Au supermarché, je fais des petites provisions d'aliments blancs : tofu, yaourt, oeufs, farine. Les légumes et les fruits sont déjà à la maison.
Par hasard, la bande son du jour est un ancien album de Keren Ann. "Faire cent mètres au paradis et revenir ici, chaque jour est le même et ne se ressemble pas. Je cours après les taxis, je cours après ma vie. Si un roi me fait reine, je ne vivrai plus tout ça."
4 commentaires:
Ton blog est super.
Comme une bouffee d'air pur sur la toile, ou je suis "obligee" de passer des heures regulierement pour bosser..
enfin une fenetre de secours!
Merci
Tranche de vie dans le Tokyo de tous les jours par une journée ensoleillée. Ca change des néons, des strass et des paillettes.
Mes meilleurs voeux pour 2007
Merci pour ces commentaires qui me donnent l'impression de ne pas écrire pour personne...
Non, G.! Tu n'écris pas pour personne! Même si je ne laisse pas toujours un commentaire, j'apprécie toujours ta prose! Et j'espère qu'il y en aura encore plein comme ça, des balades pleines de photos et de mots!
Bonne année 2007!
zhnijak!
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