11.2.09

Le nouveau roman

Après que je le lui ai épelé, il m'a dit "votre prénom est difficile à retenir". Je n'ai pas osé lui faire répéter le sien que j'avais oublié sitôt qu'il me l'avait dit.
ça faisait à peine 8 minutes que j'étais assise à cette table et il était déjà le troisième à me dire qu'on lui avait beaucoup parlé de moi. Le troisième à ne pas me révéler ce qu'on lui avait dit.

"-En fait, Yann m'avait parlé de vous, dit-elle au bout d'un moment.
-Vraiment ?
-Je ne sais plus quand, il s'est vanté d'avoir un ami japonais qui savait très bien passer le temps à rêvasser sans rien faire. Il avait ajouté que c'était un préjugé de croire que tous les Japonais travaillaient comme des abeilles, qu'il y avait des exceptions. Il n'a pas donné de nom, mais ce devait être vous, n'est-ce pas ?
-J'imagine. Je ne peux pas croire qu'il y ait dans son entourage tellement de Japonais qui rêvassent. Vous savez, c'est dans une compétition de pétanque que je l'ai rencontré.
-De pétanque ? Vous êtes japonais et vous jouez à la pétanque ?
-J'adore lancer des choses. Des camemberts par exemple.
-Des camemberts ?
Catherine eut un rire bref et me regarda dans le rétroviseur.
-Oui, des boules de métal ou des camemberts, pourvu que ce soit des choses rondes."
Toshiyuki Horie. Le pavé de l'ours.

D'habitude, j'évite de ranger les gens dans des catégories.
Hier, en lisant Yoko Tawada, je n'ai pourtant pas pu m'empêcher de me réjouir qu'il existe une sorte d'écrivains qui utilisent le tofu comme terme de comparaisons !!!
Cela dit, je ne suis pas sûre qu'ils soient assez nombreux pour en déduire l'émergence d'un nouveau courant littéraire !

"Ai-Van m'ayant plusieurs fois demandé au petit déjeuner quel film je venais de voir, je lui révélai le titre, Indochine, un mot qui sonne comme un plat au tofu râté. Il ne s'agissait pas plus de l'Inde que de la Chine, mais de nous. Comment avait-on pu inventer un tel nom ?"

"Il portait des chaussures étroites, pointues et blanches comme une certaine sorte de tofu qui se mange en dessert en Chine."
Yoko Tawada. L'oeil nu.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

ca me terrorise, comment ai-je pu oublier ca !!! bien sur que j'en ai goute, et meme mange et achete regulierement !!

Gé. V. K. a dit…

moi, je voudrais lire des livres comme ça en ce moment, écrits par des japonais, et puis avec cette douceur et cet humour...ce que je lis est violent, ou décadent, ou les deux...faut que je change de librairie.
au moins, je sais que je peux venir lire des extraits de livres très très biens ici, et en plus il y a des photos...

Gé. V. K. a dit…

toujours très belles...
merci Gwen