Le souffle au coeur
C'est comme marcher le long d'une pelouse qui vient d'être tondue.
Même si c'est un parfum qu'on aimerait se vaporiser sur les poignets car c'est l'essence d'un jour de printemps, il nous prend souvent à la gorge et par surprise et on suffoque, un instant.
C'est l'hiver à Ikebukuro et j'ai le souffle court : j'ai du bleu plein les poumons.
"De même qu'il n'y a pas d'existence "objective" du bleu du ciel (le bleu est bleu, un point c'est tout), ainsi il n'y a rien à savoir objectivement des mouvements de l'âme. Il n'en existe que l'intuition : le bleu du ciel psychologique."
Jean Baudrillard. Cool memories V.
3 commentaires:
suffoquer, les poumons plein de bleu...
je suis toujours émue devant tes mots...
"Et surtout il y a le bleu. Il faut venir jusqu'ici pour découvrir le bleu. Dans les Balkans déjà, l'œil s'y prépare ; en Grèce, il domine mais il fait l'important : un bleu agressif, remuant comme la mer, qui laisse encore percer l'affirmation, les projets, une sorte d'intransigeance. Tandis qu'ici ! Les portes des boutiques, les licous des chevaux, les bijoux de quatre sous : partout cet inimitable bleu persan qui allège le cœur, qui tient l'Iran à bout de bras, qui s'est éclairé et patiné avec le temps comme s'éclaire la palette d'un grand peintre. Les yeux de lapis des statues akkadiennes, le bleu royal des palais parthes, l'émail plus clair de la poterie seldjoukide, celui des mosquées séfévides, et maintenant ce bleu qui chante et qui s'envole, à l'aise avec les ocres du sable, avec le doux vert poussiéreux des feuillages, avec la neige, avec la nuit ..." L'Usage du monde, Nicolas Bouvier.
(J'ai lu ce passage hier, pas pu m'en empêcher ...)
Entre l'hiver bleu de Tokyo et l'hiver gris de Paris, y'a pas photo... ou plutôt si: il y a des photos. Il y a les tiennes.
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