L'heure anglaise (7)
Imaginez : vous êtes dans un café tranquille, en train de lire au soleil et de boire lentement un chai.
Le temps passe à sa juste mesure. Le soir tombe peu à peu. Et, tout à coup, vous recevez un mail de la part d'un très charmant garçon qui propose de vous voir afin de vous donner des biscuits au sésame qu'il a cuisinés.
Les biscuits d'Ismaël ont fait mon petit déjeuner. Avec un american breakfast tea et quelques pages du Journal de Virginia Woolf, ils ont été le premier plaisir d'une journée qui m'en a réservé d'autres.
"Je ne prends plus souvent la peine, maintenant, de décrire les champs de blé et les femmes qui moissonnent en groupe, vêtues de blouses rouges ou bleues, sous le regard éberlué de petites filles en robes jaunes. Mais ce n'est pas faute de les voir; rentrant de Charleston, l'autre soir, j'ai senti une fois de plus tous mes nerfs se tendre, excités, électrisés (quel est le mot ?) par cette pure beauté -une beauté surabondante, si profuse que l'on s'en offenserait presque, tant on se sent impuissant à la saisir, à la retenir toute, ne fût-ce qu'un instant. Ce sont ces efforts de s'approprier au passage tous les aspects de la vie qui donnent à son déroulement son immense intérêt. J'ai l'impression de tendre les doigts de part et d'autre de ma personne pour toucher les parois rugueuses d'un tunnel, fait de pièces et de morceaux."
Vendredi 15 août 1924.
"J'apprécie mes après-midi passés à composer, et j'estime que c'est la vie la plus saine qui soit, car s'il me fallait passer mon temps à écrire, ou simplement à me remettre d'avoir écrit, il m'arriverait ce que l'on voit chez les lapins quand ils se reproduisent trop exclusivement entre eux : je ne produirais plus que de chétifs lapins blancs."
Lundi 21 décembre 1924.
1 commentaire:
T'es sure qu'il les a pas volés à des Iraniens ?
Enfin, bon, un si "charmant garçon" peu tout se permettre...
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