La mémoire pratique
Je serais curieuse de savoir comment font les Japonais qui apprennent le français pour retenir des mots qui, à leurs oreilles, doivent apparaître aussi étranges que le sont les syllabes répétitives de leur langue aux nôtres.
Je persiste à demander encore parfois "et comment dit-on cela en japonais ?" tout en sachant que si je n'écris pas ce qu'on me répond, je l'aurai oublié dans la minute qui suit. Et que, si je veux m'en souvenir durablement, je dois mettre en place des stratagèmes mnémotechniques plus ou moins compliqués.
Comme il m'importe vraiment de retenir leurs prénoms, je les répète plusieurs fois à voix haute, cherchant à quoi les rattacher.
La veille, j'avais mémorisé Hayato en pensant à "hayai" qui signifie "tôt" et j'avais changé Shômi en "show me"...
Kinoshita est devenu, pour moi, un garçon parfaitement ancré dans le présent, à mi-chemin entre hier (kino) et demain (ashita).
Le visage hilare de Suguru qui m'écoutait penser à voix haute cette décomposition toute personnelle m'a fait comprendre que le sens des kanjis qui composent le prénom de Kinoshita n'a certainement rien à voir avec l'interprétation que j'en ai faite.
Mais qu'importe puisqu'elle me permet de fixer durablement ces syllabes dans ma mémoire.
Mais, d'ailleurs, comment ai-je mémorisé le prénom de Suguru lors de notre première rencontre ???
ça, je l'ai complètement oublié...
(Frappée par la semaine qu'elle a consacrée à la mémoire, j'emprunte sa thématique ainsi que le titre de mon billet à Madame Gâ.)
1 commentaire:
Une de mes élèves en cours de japonais avait mémorisé le mot "shitsurei" (impoli, offensant) grâce à trois langues différentes : shi est devenue chie (en français), tsu est devenu zu (sur) en allemand, rei est resté rei (le roi en italien).
Ca donnait un peu un truc du genre "quand on chie sur le roi, c'est malpoli." On a tous plus ou moins ce genre de méthode :)
Je viens de découvrir ce premier article, je vais lire les autres.
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