11.1.09

l'heure anglaise (4)

Plus je lis le Journal de Virginia Woolf, plus je me demande si j'aurais aimé boire le thé avec elle... Qu'aurait-elle écrit de mes vêtements ou de ma conversation dans ses pages ???

Après le réveil au lait de soja et à l'heure anglaise, j'ai quitté Virginia pour un thé fumé et un gâteau à la banane et à la purée d'amande au soleil.

Plus tard, il y a eu des considérations vestimentaires -justement- mais aussi littéraires, une conversation longue à peine entrecoupée d'un voyage en train, de trouvailles dans les poubelles (deux tables à thé en laque orangée) et d'une sieste, la tête entre les bras.
L'heure du thé peut se prolonger toute la journée le dimanche. Et de manière plus douce que pour Virginia.

"Notre dîner de ce soir a été un sacrifice de bonne taille au devoir. Jamais nous n'avions autant aspiré à passer la soirée seuls; avec des livres à lire, et le sentiment d'avoir déjà beaucoup parlé cette semaine. Mais, vers sept heures et demie, Clara Woolf est arrivée, et les Whitham, que nous avions invités avec l'idée de leur faire un sort en même temps, pour limiter à l'inévitable le gaspillage."
Vendredi 25 janvier 1918.

"Au Club j'ai trouvé...-faut-il que je répète encore une fois cette vieille scène ? Je crois que le petit pain avec miel que j'ai pris au lieu de mon toast habituel, m'a plus intéressée que les bribes de Scurr, Cousins et Marshall, ou que la pâle solennité de commande de cette pauvre Alix."
Jeudi 11 avril 1918.

"Il y a un grave défaut dans le plan de ce journal, qui prévoit que je devrais le rédiger après le thé. Lorsque des personnes viennent pour le thé, je ne puis leur dire : "Voyons, attendez un instant que je note ce qui vous concerne." Quand elles s'en vont, il est trop tard pour écrire. Et, ainsi, au moment même où je brasse des pensées et des descriptions destinées à cette page, j'éprouve le sentiment décourageant qu'il n y a pas de page; mes pensées se répandent sur le plancher. Et, vraiment, ce n'est pas facile d'éponger pour les rassembler à nouveau."
Jeudi 18 avril 1918.

"Ensuite, autobus et métro jusqu'à Hampstead, pour un thé chez Margaret. J'ai failli prendre Lilian, presque allongée sur un coussin vert, pour un chat persan. Janet était là, drapée dans un de ces classiques tissus rouges qui offrent aux personnes de Hampstead un compromis entre l'art et la mode. Margaret terriblement grasse et épaisse; tout en noir."
Vendredi 3 mai 1918.

"Roger devient plus égoïste, ou du moins je m'en aperçois chaque jour davantage. Ses plaintes étaient mieux fondées que les miennes. Tous les gens intéressants sont égoïstes sans doute, mais l'être n'est pas souhaitable en soi. A en juger par le bruit il y avait quantité de lapins belges et des enfants en proportion égale, mais ceux-ci ont des chambres et un horaire à eux, et Mrs B. veille à ce qu'ils s'y tiennent; on ne les voit jamais."
Mardi 28 mai 1918.

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