7.1.09

Mono-maniaque

(... j'ai bien fait, ce jour-là, ce jour de printemps, d'acheter un seul jean et pas deux alors que, par deux, ils étaient moins chers.
Si je suis retournée en acheter un hier, ce n'est pas parce qu'il est trop usé mais parce que, entre temps, il est devenu trop grand. Avoir deux jeans de trois tailles supérieures à la mienne, ce ne serait pas ce qu'on appelle avoir fait une bonne affaire...)

Rentrant chez moi le bras alourdi de l'éternel litre de lait de soja et du jean identique à l'ancien, j'ai pensé à Jérôme D.
Mangeant exclusivement des carottes râpées l'hiver et des tomates mozarella l'été (oui mais, attention, cultivant ses tomates, se fournissant chez le meilleur fromager de Tours et allant en Italie acheter son huile d'olive...), il portait en toute saison les mêmes jeans qu'il achetait en plusieurs exemplaires, ainsi que des tee shirts blancs à la coupe toujours identique.
Etre mono-maniaque libère l'esprit, j'en suis bien convaincue ! Si je l'étais encore davantage, j'aurais plus de temps à consacrer à la lecture.
Et c'est Olivier Rolin qui, actuellement, voyage dans mon sac et m'instruit de lieux que -maintenant je le sais- je ne verrai jamais autrement que dans les livres.

"Ce n'est pas parce qu'il y a, dans les villes, des bibliothèques, les yeux morts des statues, des parcs que l'automne peint des couleurs du raisin mûr, des mouvements sociaux, les édifices de la presse quotidienne, non ce n'est pas pour ces raisons qu'elles sont les lieux où l'on écrit des livres. Je m'exprime ici à titre strictement personnel, mais enfin il y a longtemps que dans nos campagnes on ne croise plus de bergères, et comme, en plus, on n'y fait plus la guerre, cela ne facilite pas le travail des écrivains rustiques. Je ne veux pas prétendre que toute la littérature tourne autour de la rencontre d'une inconnue ou de la mort sur un champ de bataille, je connais comme tout le monde des exemples qui me démentiraient, et même des quantités. Mais enfin, tout de même... cela compte. Et, dans une époque qui ménage si peu de risque, une si faible part d'émotion, ce que nous savons désormais de la violence du hasard, c'est seulement la catastrophe inopinée d'un regard qui nous le fait éprouver (je sais ce que ces phrases dénotent de peu "moderne" : inutile de dire que cela m'est égal). Enfin, ces visages d'aventure, ces charmes impromptus qui à peine laisseront au coeur le temps de broncher qu'ils auront disparu, qui pourront, aussi bien, mener à tout et même à la mort, font des villes les espaces romanesques par excellence, les grands théâtres des masques et de la foudre, ou, si l'on veut le dire autrement, les seuls lieux du monde où d'assez nombreux Don Quichotte peuvent se balader, équipés de pied en cap, sans se faire particulièrement remarquer."
Olivier Rolin. Mon galurin gris.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, être un monogustatif vestimentaire libère sans doute quelque peu l'esprit
(mais de quoi ?).

Encore heureux toutefois que ça ne soit pas systématiquement - aussi - dans une approche monochrome, le port du rose dans une écharpe nous permettant par exemple, au sortir de l'impératif maoïste, d'entrer dans la bonne humeur japonaise ...

Mercredi, folle journée... : Pendant que tu reconsidérais l'achat de ton jean, perdue dans d'étranges considérations numéraires, j'ai vécu une expérience tout aussi surréaliste : j'ai lu de la SF au Starbucks de Ginza, y attendant l'ouverture du Matsuya pour y acheter un tube de rouge à lèvre - le même, tous les jours que Dieu fait...Peut-être aurais-je du en prendre deux ? Leur taille ne variant guère, je m'interroge...
On rêve, non ?

Ju.

Gwen a dit…

La maniaquerie vestimentaire épargne des heures de shopping !!!
Je vois, en tout cas, que la lecture de Biba t'a plongée en pleine science fiction... C'est un effet radical, n'est-ce pas ?!!!

Anonyme a dit…

au risque de vous choquer... il me semble presque avoir lu ces commentaires dans le dernier "courrier des lectrices" de BiBiBa
;-)
P.C.T.

Gwen a dit…

Pas de sarcasmes ! Non mais !!! Il y a assez de références culturelles sur ce blog pour qu'on se permette un peu de futilité, de temps en temps (et qu'on soit renseignées sur les dernières nuances de rouge à lèvres ou de fards à paupière pour pouvoir continuer à plaire à nos amoureux !!!)

Anonyme a dit…

je le sais bien chère Gwen,
je viens vous lire suffisamment régulièrement, et avec plaisir pour vos écris et ceux des auteurs qui vous accompagnent, pour savoir cela. Et d'ailleurs je n'ai jamais parlé de futilité, que d'un "courrier des lectrices"... Alors continuer à illuminer votre amoureux par votre esprit et vos fards. Bien à vous.
PCT

Anonyme a dit…

Bon, je constate que tout le monde s'amuse ce soir...

J'avais bien précisé qu'il s'agissait de "SF" - à part, peut-être, la partie horoscope à laquelle je me suis attachée depuis une certaine lecture en gare de Shibuya - d'autant que la Princesse d'Oline m'annonce des compléments informatifs de qualité sur notre avenir commun à toutes deux (...).

Mais je suis d'accord avec elle, il n'y a pas à dire, quant à l'effet de cette lecture : radical est le terme - l'arrêt le sera également(...).

Enfin, certains ne cesserons sans doute pas de lire pour autant la SF, car pour citer le courrier des lectrices, encore faut-il l'avoir lu... Je m'en vais de ce pas me plonger dans la rubrique honnie et sus-mentionné vérifier l'exactitude du propos (telle l'alcoolique vérifiant le goût exact de sa dernière bouteille...) - non, je rigole... Là, je vais dormir et rêver aux dernières couleurs proposées par Sisheido en matière de rouges...Hé oui...
J.

Anonyme a dit…

ps : je constate également qu'il y a aujourd'hui au moins trois mono-maniaques de sortie !
Que du bonheur en perspective... !
J.

Anonyme a dit…

"...la partie horoscope à laquelle je me suis attachée depuis une certaine lecture en gare de Shibuya"
puis je demandé ce qui à suscité une telle révolution ?
PCT (7.roi.dame)

Anonyme a dit…

et bien moi, à la suite de la lecture des commentaires (ce dont je ne me prive jamais) j'ai de quoi torturer mes méninges toute une journée. Qui sait, la lecture de Biba au rayon presse de mon hypermarché favori me donnera peut-être un indice ??!!!