17.1.09

"Only boring people get bored"

Obéir à ses injonctions ("open your mouth, close your mouth") ne nécessitait aucune concentration alors, j'ai pu, pendant près d'une heure, penser à autre chose. D'ailleurs, c'est simple, je n'étais pas là. J'ai fermé les yeux et, petit à petit, le bruit des outils m'a évoqué un atelier de menuiserie puis ne m'a plus évoqué quoi que ce soit. Et je suis revenue au film de la nuit.

L'inconvénient des rêves, c'est qu'ils n'existent pas en dvd.
J'ai tenté de multiples retours en arrière et arrêts sur image pour m'assurer qu'il n'y avait rien sur les murs du salon. J'ai fini par m'y résoudre : je ne suis pas du genre à entrer chez les gens sans remarquer le pêle-mêle de photos estivales dans l'entrée, les souvenirs de voyage sur la console, les dessins des enfants aimantés sur le frigo... S'il y avait eu quelque chose, je l'aurais vu... C'est peut-être de là que venait cette impression de froideur : ce salon gigantesque, un canapé d'angle qui ne suffisait pas à le meubler et ma présence qui ne comptait pour personne.
Quand la femme m'a tourné le dos, j'ai pensé qu'elle était plus mince que ce qu'on m'en avait dit et qu'elle était très bien habillée. Ses cheveux courts avaient été décolorés quelques semaines auparavant car leur teinte virait au jaune et les racines foncées étaient très apparentes. Elle n'avait besoin de rien dire pour que je sache sa désapprobation passive, son inamicale résignation.
Elle était peut-être à la fenêtre -sans rideaux, la fenêtre : cet appartement semblait, décidément, tellement inhabité- alors que l'homme était sur le parking. Mais il n'avait pas l'air de s'en soucier.
J'ai compris que ses certitudes étaient dorénavant inébranlables, que rien ni personne ne pourrait plus faire dévier sa volonté.
Quant aux enfants, ils n'ont fait que passer.

A la fin, il m'a tendu un miroir et j'ai souri. Je lui ai dit merci, en anglais.
Avant que je parte, il m'a montré ma photo en gris et blanc.
On a beau sourire, ça ressemble toujours à une grimace sur les radios.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Fantasme absolu et délirant du tout-contrôle : le soir, lorsque nous ne sommes pas trop fatigués, nous allons au distributeur en bas de la rue louer un dvd de rêves, dont le thème sera fonction de notre humeur...Nous programmons ainsi notre nuit...
Dément.

Remarque : il resterait toujours possible de s'endormir en cours de séance (quel joli mot (...))...Et alors, le lendemain matin, le DVD une fois rendu au magasin, resterait toujours en suspend et sujet à interprétation la question suivante : dans la scène de l'ascenseur, le grand noir intermittent était-il joué par Denzel Washington ou Barry White ???
... Forcément, ça n'est pas pareil.

J.

Gwen a dit…

... Ton commentaire est démoniaque !!!!!!!!