10.1.09

Tout un monde

"On lit un de ces livres dont une ville est le lieu et puis, débarquant un jour pour la première fois, on constate que rien n'a changé depuis qu'on n'y est jamais allé."
Oliver Rolin. Mon galurin gris.


La Havane, par exemple.
Il y a bien peu de chance que j'y pose le pied un jour puisqu'à mon âge, je n'ai toujours pas commencé à voyager et que, si je prenais l'avion, ça ne serait pas tout de suite dans cette direction.
Et pourtant, quand Olivier Rolin dit de l'uniforme de la liftière de l'hôtel qu'il est "havane", j'en ai une représentation très précise.
Mais il est à parier qu'un autre que moi inclurait d'autres nuances dans ce coloris.

Les couleurs sont tellement indénombrables et si multiples dans une seule de leur catégorie.
Combien de bleus ?
Combien de verts ?
Toutes ces teintes nous font hésiter pour les définir, nous font renoncer à les définir, nous font les désigner par une expérience qui nous est propre.
Le bleu que je nomme "Ikebukuro" est peut-être "Helsinki" pour d'autres.

Un jour où je regardais les arbres qu'il était en train de rincer, E. m'a fait remarquer que les tirages noir & blanc des Japonais sont beaucoup plus gris, beaucoup plus dilués que les nôtres.
Ces noms de couleurs, ces contrastes plus ou moins affirmés... Sont aussi notre façon de dire le monde.
A l'époque où j'étais, moi, dans le labo, c'était sur les grades les plus durs des papiers que je révélais mes clichés.
Mes tirages étaient aussi tranchés que mes opinions.

("Toutes les nuances du vert : dans les forêts de bambous, dans l'écume de la mousse et dans un bol de thé, comme entre les courbes du relief que dessinent les rizières".
Gérard Macé. Choses rapportées du Japon.)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Dans ces photos
le grain du gris
un blanc

assis
dans du noir.

Ju a dit…

Ah ouais, ce n'était bel et bien qu'un "jour sans".