Un matin à Shinjuku
Il y a celle qui pense que son pantalon la boudine un peu.
Il y a celle qui a failli manquer son train parce qu'elle a changé trois fois de paire de boucles d'oreilles avant de se décider pour celle-là.
Il y a celui à qui les chaussures neuves blessent les pieds.
Il y a celle qui pense que sa mère avait l'air triste et distraite quand elle lui a dit au-revoir ce matin.
Il y a celui qui, dans la programmation aléatoire de son baladeur, entend la musique que sa femme lui a fait écouter lors de leur première rencontre.
Il y a celle qui se sent jolie aujourd'hui et qui espère qu'elle croisera quelqu'un qui le remarquera.
Il y a ceux que font rêver les possibilités de voyages évoquées sur les affiches.
Il y a celui qui sait que, dans quelques semaines, il connaîtra par coeur ce trajet vers l'hôpital qu'il effectue pour la première fois aujourd'hui.
Il y a celui qui, en marchant, écrit un mail à son frère dont -l'alarme de son téléphone le lui a rappelé- c'est l'anniversaire.
Il y a celle qui vient d'entamer un régime et qui pense que les effluves de petits pains au chocolat sont cruelles même si elles ne sont pas naturelles.
7H55. A Shinjuku, nous sommes des milliers dont la vie est unique.
5 commentaires:
J'aime beaucoup cette jolie évocation de la foule sur un mode "tous semblables, tous différents".
Je t'ai lu ce matin et je suis revenue te lire ce soir.
Ce trajet vers l'hôpital, il m'a rappelé tellement de choses.
Les trois paires de boucles aussi...
Peut-être à cause de cette lumière d'hiver qui disparaît si vite, certains mots transpercent le coeur.
J.
Une foule sentimentale, en somme...
très belle évocation...
pourquoi n'ai je pas cette impression ici à Paris ? Est ce une question de regard ou de culture ?
Bien à vous,
PCT.
Moi non plus, je n'ai jamais ces impressions à Paris. J'y ai l'esprit moins disponible, je crois (pris par toutes les annonces sonores et les conversations qu'ici, rien ne me force à comprendre !!!)
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