18.1.09

Un rude hiver

"La mer était la même qu'au premier jour, et le temps d'hiver, d'automne plutôt selon les astronomes, d'un automne très avancé, très sclérosé, perclus et liquéfié à la fois. Il pleuvait bien doucement, mais méthodiquement, industriellement, et courant du rivage à l'horizon le vent gonflait des vagues que crevaient finalement les galets."
Raymond Queneau. Un rude hiver.

Quelle est l'utilité de l'hiver, une fois que Noël a régalé les papilles et que le premier janvier a offert ses révélations en matière d'horoscope annuel ???
A défaut de pouvoir être un ours et aller se coucher dans une caverne pendant trois mois, on renouvelle seulement le motif de la housse de couette, la couleur des draps. Pour peu qu'il neige dehors, la quinzaine du blanc porte alors bien son nom.
Et, pour les rares heures pendant lesquelles on a envie de quitter son lit, il y a les soldes, histoire d'acheter une nouvelle paire de boucles d'oreille qui fera se tourner les têtes.
Que reste-t-il à faire de l'hiver sinon attendre qu'il finisse ?

Ce matin, on aurait pu croire à une journée égarée dans le calendrier, à une réelle incursion du printemps en plein mois de janvier. Une journée à déboutonner son manteau.
Mais, en haut de la côte, j'ai tourné la tête et, en ne distinguant qu'avec peine les contours du Mont Fuji embrumés par la clémence des températures, je me suis souvenue qu'il n'y a jamais plus transparent ni plus bleu que ces jours d'hiver à Tokyo et qu'en avril, le terrain de base-ball détrempé ne permettra pas aussi souvent les pique-niques.

Alors ce soir, en descendant du train, j'ai resserré mon écharpe et j'ai pensé que le printemps pouvait encore attendre un peu : je n'ai pas encore épuisé tous les plaisirs de l'hiver.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Non pas encore épuisé tous les plaisirs de l'hiver - grand hiver étendu jusqu'ici.

Anonyme a dit…

Oui, c'était divin hier...A tel point que je me suis même surprise à avoir un regard attentif aux sakuras, espérant malgré moi voir quelques bourgeons sortir... Si l'espoir fait vivre, O Hanami est une certitude.
D'ici là, oh que tu as raison, profitons, encore et toujours, du bleu Ikebukuro !
Youpi !
DesBIses !
J.