1.2.07

Rentrer par Shibuya (2ème semaine)

"Et pourquoi pas des petits micros que tout le monde avalerait pour qu'ils diffusent le bruit de son coeur par des petits haut-parleurs qu'on pourrait placer dans la grande poche centrale de sa salopette ? En faisant de la planche à roulettes le soir dans la rue, on entendrait les battements du coeur des autres, qui entendraient les nôtres, ça ferait une espèce de sonar. Le truc bizarre, c'est que je me demande si tous les coeurs se mettraient à battre en même temps, comme les femmes qui vivent ensemble ont leurs règles en même temps -je suis renseigné là-dessus mais j'aurais préféré m'en passer. ça, ce serait carrément bizarre, sauf que l'endroit de l'hôpital où les enfants viennent au monde ferait le bruit d'un lustre de cristal dans un transatlantique parce que les bébés n'auraient pas eu le temps de coordonner leurs battements cardiaques. Et sur la ligne d'arrivée à la fin du marathon de New York, ça ferait le bruit de la guerre.
Et puis, on a si souvent besoin de s'enfuir vite fait, mais les hommes n'ont pas d'ailes, pas encore, en tout cas, alors pourquoi pas une chemise en graines pour oiseaux ?"
Jonathan Safran Foer. Extrêmement fort et incroyablement près. Editions de l'olivier.

J'ai entamé la lecture du livre dans la Yamanote. Il est corné et un peu sale. Il a été lu et aimé. Et j'ai hâte qu'il me plaise aussi.

Nous avons mangé des oeufs cocotte, du tofu-à-tomber, des cup-cakes à la tomate et il reste à peine assez de gâteau au citron et aux graines de pavot pour leur petit déjeuner.

Nous avons comparé les mérites de la crémation et de l'enterrement. Et tenté de recenser nos ennemis.

Au bout de quelques pages, j'ai levé les yeux et j'ai vu qu'il mâchait un chewing gum pendant qu'il lisait. J'ai regardé -sans y penser- ses cheveux. Ils m'ont paru d'autant plus drus, d'autant plus raides, d'autant plus blancs que, juste avant, il y avait eu, entre mes doigts, des cheveux doux, bruns et frisés.

La rue était froide et je me suis hâtée sans regarder personne. Jusqu'à mon lit.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est un avis de coiffeuse ou je ne m'y connais pas... Quant à entendre inlassablement le même tic tac de toute une ville... que dis-je d'un pays... voire d'une terre ! là moi ça ne me dit trop rien, franchement... En parlant de cette bonne vieille terre, ne l'oublions pas et désarmorçons le PC 5 minutes ce soir...en France.. Bien contente de te "connaître" !

Gwen a dit…

-Yes it is !
-les Mac aussi !
-please to meet you !

Anonyme a dit…

aaah, les turlupinations de ce petit garcon me font fondre, ...et les tiennes sont pas mal non plus!