Tuesday self portrait
"Qu'est-ce que l'amour ? Je l'ignore. Alors je continue à prendre des photos.
Il m'arrive de désirer qu'on m'aime. Le désir m'envahit lorsque, face à mon objectif, mes sujets, eux, m'apparaissent comme entourés du halo d'un bonheur que je n'ai pas. A quelle époque ai-je commencé à penser que l'amour me manquait ? Depuis quand suis-je persuadée que l'amour est quelque chose de triste ? Que l'amour a la couleur d'un ciel hivernal ?
J'ai décidé de me lancer dans l'autoportrait. J'ai voulu tenter de me saisir telle que je suis en espérant que je comprendrais peut-être à travers les clichés les raisons de mon manque d'amour.
Je suis sortie dans la ville. C'est là que je voulais me photographier. Il m'importait soudain de savoir comment les autres me voyaient.
Moi, dans l'agitation de la foule.
Moi, en train de demander mon chemin à quelqu'un.
Moi, dans l'attente qu'on m'adresse la parole.
Moi, qui passe devant les vitrines.
Moi, devant un feu rouge, en train d'attendre qu'il vire au vert.
Moi l'esprit absent, sur un banc de la grande avenue.
Moi, désirant être aimée.
Moi, dans une cabine téléphonique.
Moi, moi, moi... J'ai glissé mon appareil photo dans divers interstices de la ville. Puis je me suis mise devant en calculant le moment où le système automatique allait se déclencher. Je voulais savoir comment je me reflétais dans le regard des autres."
Hitonari Tsuji. Objectif.
8 commentaires:
Wahou... tu sembles te fondre dans ces phrases, dans ce texte prenant.
C'est à dire... Moi aussi, je pense que "l'amour a la couleur d'un ciel hivernal". Un ciel hivernal de Tokyo : bleu pur.
n'en jette plus, apres tous ces extraits, je veux lire ce livre! maintenant! et sans me rouler par terre!
(mais c'est vrai que c'est celui que tu aurais pu/va faire non?)
Je pensais vraiment que c'était de toi!
...je me disais bien que je connaissais cet auteur. J'ai lu "L'arbre du voyageur" mais pas "objectif".
Mais c'est dingue O_O
Tout à l'heure, je suis passée à la bibliothèque rendre tout un tas de livres en retard, et me promettre de ne rien reprendre. Et puis en passant dans le rayon de littérature japonaise, j'ai pensé à ça.
Je l'ai commencé dans le métro, je l'ai continué à la maison avec un bol de thé. Et en lisant ce passage - celui-là même, j'ai pensé, "il faut que j'envoie un mail à Gwen", j'ai fini le livre, j'ai allumé l'ordinateur, je suis venue ici pour trouver ton adresse, et. Voilà.
...
Ga : tu l'auras tout à l'heure !
Camomille : Merci mais.. tout de même !
Mélie : quelle belle concordance !
Tes bols de thé me font toujours envie. J'aime bien l'idée que tu as pensé à moi au moment où tu en buvais un !
Je n'aurais qu'un mot, non, trois... quatre: magnifique, magnifique, magnifique texte.
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